vendredi 18 juillet 2008

Petit Sapin a 11 ans

Juste avant de partir en vacances dans les Poconos Mountains (au nord des Appalaches, en Pennsylvanie), prenons le temps de célébrer les 11 ans du plus secret et du plus attachant Petit Sapin que l'on puisse imaginer... Dans le sillage de Mademoiselle Bee, souvent silencieux et perdu dans son univers à lui, souvent aussi très attentif et terriblement critique (mais décidé à garder tout ça pour lui jusqu'au moment qu'il juge favorable, et tant pis si ce moment ne se présente pas...), Petit Sapin sait composer gentiment et apporte une touche de bonheur très personnelle dans le jardin de Myosotis.
Il aime mener une vie bien régulière, qui se déroule sans heurt pourvu qu'on ne le prenne pas à rebrousse-piquant, avec ses jeux et ses sports favoris (en fonction de la saison), ses livres et son piano, mais par-dessus tout avec la Wii (et éventuellement sa PSP, quand ça fonctionne...).
Bon anniversaire Petit Sapin bien-aimé, et n'oublie pas qu'il y a une vie après ta demi-heure d'écran !

lundi 14 juillet 2008

Billet patriotique

Le 14 juillet vécu ailleurs prend une autre saveur. Ce n'est pas vraiment de la nostalgie, c'est pour le plaisir de penser un peu tricolore et de se remémorer le meilleur du pays natal... Indiscutablement, l'un des meilleurs souvenirs de Myosotis en France demeure la PAF. Les gracieuses évolutions des machines qui semblent (de loin) si légères... Le panache bleu blanc rouge qui se déploie comme un tapis (volant) ou qui souligne le dessin éphémère tracé par les pilotes sur le fond bleu du ciel... Le bruit assourdissant des moteurs qui s'atténue ou s'intensifie selon la distance et l'orientation des avions au cours de leurs figures...
Quand les Alphajets reviennent sur le tarmac, on reprend conscience de leur taille réelle et de la somme de travail que représentent quelques minutes de perfection aérienne. Les pilotes se rangent aux côtés des mécaniciens, le ballet est réglé jusqu'au bout dans ses moindres détails et l'empennage des avions apparaît taché par le colorant qui a servi à tracer les rubans tricolores si vite dissipés... Là où l'on croyait voir une féérie magique, on se souvient qu'il y avait prouesse technique et parfaite maîtrise de moyens humains, simplement humains.
Cette beauté-là se laisse contempler un peu partout dans le monde, mais le rendez-vous de juillet sur les Champs-Elysées est le plus sûr... De quoi donner envie de retourner vivre à Paris ? Mais non... Coïncidence du calendrier : le Grand Chêne vient d'apprendre (de source administrative) qu'il pourra rester en Amérique aussi longtemps qu'il le voudra, et son petit jardin avec lui...

samedi 12 juillet 2008

Billet joyeux

Il est des moments de joie (même un peu futile) que l'on a envie de partager tout de suite avec le monde entier. Joie d'avoir réussi à sortir Mademoiselle Bee de son lit et du sous-sol. Joie d'avoir pu aller voir deux yard sales. Joie d'être tombée tout de suite providentiellement sur LA bonne affaire à laquelle on rêvait sans oser se l'avouer... (C'est vrai, en quittant la maison on avait eu un petit sourire en aparté, quand même ce serait bien si j'arrivais à trouver...) Et voilà : Pour pas cher du tout ($ 25), un salon de jardin complet, tellement vieux que personne n'aura peur de l'abîmer, de si bonne qualité (en son temps) qu'il résistera bien encore quelques années aux intempéries et aux écarts thermiques, absolument dépourvu de qualités esthétiques (mais confortable) et totalement étranger à la déforestation des pays tropicaux (chaises de plastique, métal presque pas rouillé et plateau en plexiglas pour la table)... Le rêve !
Myosotis n'a eu que la peine de replier les sièges de la voiture pour y glisser le tout avec l'aide du vendeur et de Mademoiselle Bee ravie, puis, une fois rentrée, de convaincre le reste de la tribu (réveillé entre-temps mais occupé au sous-sol avec la Wii) de venir aider à transporter tout ça sur le deck. (Merci Petit Sapin d'avoir accepté de délaisser un instant Indiana Jones !)
Maintenant, dès que la température descendra un peu, promis, on s'installe au jardin (le monde entier est invité à en profiter). D'ailleurs Petit Bouton d'or en s'asseyant avec un joli sourire malicieux pour inaugurer le nouveau mobilier a immédiatement posé la bonne question

Quand est-ce qu'on mange ?

vendredi 11 juillet 2008

Une petite chanson

Petit Lierre mange à la cuiller et, parfois, c'est un tantinet longuet... Alors Myosotis lui chante quelque chose. Et Petit Lierre est content. Mais ne mange pas plus vite. Alors tous les couplets (en mémoire) y passent. Et quand il faut reprendre au début

Il était un p'tit homme, qui s'appelait Guilleri, Carabi...
(sa préférée) pour la dixième fois, Myosotis continue les cuillerées et la chanson, mais son esprit vagabonde...
Ces comptines, elles ont un sens plus ou moins codé, c'est sûr... Qu'avait-il fait de particulier, ce Guilleri ? Est-ce que la chanson se moque de sa petite taille, de sa malchance ou de sa maladresse à la chasse ? Mais le vrai sens caché n'a sans doute rien à voir. Il faut peut-être chercher du côté des Dames de l'hôpital...
Des chansons codées, il y en a bien d'autres... Par exemple, Frère Jacques, quand on y pense, ce n'est pas du tout pour les enfants, à l'origine... Mais la mélodie est agréable, et l'on se plaît à imaginer un brave moine paresseux ou fatigué qui doit s'agiter pour appeler la communauté à la chapelle...
Il y a aussi Bon voyage Monsieur Dumollet... Elle est pleine de vigueur, cette comptine, un rien moqueuse mais harmonieuse aussi... Chateaubriand en parle dans ses Mémoires d'outre-tombe, quand il achève la description de Saint-Malo
Enfin, pour ne rien omettre, je rappellerai les dogues qui formaient la garnison de Saint-Malo. (...) Ils furent condamnés à la peine capitale pour avoir eu le malheur de manger inconsidérément les jambes d'un gentilhomme ; ce qui a donné lieu de nos jours à la chanson Bon voyage. On se moque de tout.

Voilà le grand Chateaubriand qui sourit un instant, en évoquant une vieille histoire tragique qui finit par une petite chanson... Bon, ça devrait marcher aussi avec Petit Lierre ? Mais non, rien à faire, il préfère toujours Compère Guilleri, Carabi... C'est celle qui lui fait plisser les yeux et ouvrir la bouche en grand. Il aura bien une fin, ce bol de bouillie... Et tout en chantant, Myosotis repart dans ses pensées...

(Merci Petit Graptor pour la photo)

jeudi 10 juillet 2008

10 juillet 1871

Au petit bonheur de la littérature, c'est avec Jean Rouaud que l'on peut célébrer cet anniversaire-là, celui de Marcel Proust, dans l'Imitation du bonheur.
Usant avec allégresse de la toute-puissance du romancier, Jean Rouaud change d'époque et s'adresse à son héroïne, Constance Monastier, qui vient de rendre visite à son petit garçon en pension à Versailles. Après avoir évoqué l'animation des rues de Paris qui a dû étonner la belle dame de province et son fils, il nous emmène (tout le monde, son héroïne et ses lecteurs délicieusement étourdis) dans l'intimité de la famille Proust qui s'apprête à accueillir l'évènement :

délivrance le 10 juillet 1871 - ce qui nous donne une conception neuf mois plus tôt en plein siège de Paris, ainsi faisait-on de la résistance chez les Proust, en préparant au nez et à la barbe des Prussiens la relève, et d'ailleurs le bientôt nouveau-né manifestera en dépit d'une constitution fragile un intérêt jamais démenti pour les militaires, ou pour leur uniforme, ou pour les militaires dans leur uniforme. La naissance se fera à Auteuil, dans la belle maison de son oncle Louis Weil, où la famille s'est réfugiée fuyant la Commune.

Tout cela pour en venir à la fameuse madeleine (dont Jean Rouaud donne la recette à Constance Monastier au cas où elle ne la connaîtrait pas), à la Recherche du temps perdu et à une série de réflexions joyeusement profondes sur la littérature, ses pouvoirs et sa critique.
Jean Rouaud sait disserter sur ce sujet sans morosité ni pédanterie, apporter des éclaircissements sur l'histoire de la Commune et raconter une belle histoire d'amour... Sans oublier la date historique de la naissance du petit Marcel, qui enrichit encore la liste des anniversaires de juillet.

mardi 8 juillet 2008

Mademoiselle Bee a 13 ans

Tout le monde au jardin sentait bien qu'il se passait quelque chose, depuis un bon moment déjà... Pour la première fois, l'anniversaire de Mademoiselle Bee n'est pas seulement l'occasion de souffler une bougie de plus, car au-delà des chiffres c'est le mot qui compte : thirteen, ça veut dire l'entrée dans le teenage pour de bon...
Beaucoup de changements, une foule de questions, d'innombrables réflexions, un joyeux bazar plein de surprises, un raz-de-marée d'affection, tout cela déferle sur Myosotis et son Grand Chêne qui pensaient peut-être avoir encore un peu de temps devant eux... Mais voilà, nous y sommes. C'est la suite naturelle de la grande aventure commencée officiellement le 8 juillet 1995 à 18h12 dans une maternité du XIe arrondissement de Paris.
La nouvelle phase qui commence n'a pas que de bons côtés, mais aujourd'hui le positif l'emporte largement sur tout le reste. Et Mademoiselle Bee a encore pondu un dessin plein de talent (Myosotis en rosit de fierté) pour illustrer ce propos... Merci, charmant petit insecte, tu mets du piquant dans notre vie et nous t'aimons bien plus que nous ne saurions le dire !

lundi 7 juillet 2008

Vers le ciel

Dans le jardin de Myosotis, le fil des jours semble ralentir un peu quand revient la période des anniversaires. Juillet apporte chaque année de quoi s'étonner et méditer autour d'un bouquet d'évènements marquants, complété brin à brin, année après année : des naissances, des baptêmes, un mariage, un enterrement... Un reste de tristesse, un soupçon de nostalgie, beaucoup de joie, tellement d'amour... Des émotions qui se rencontrent, se contrarient et finissent par se rapprocher dans le souvenir... C'est peut-être le moment de prendre la mesure du temps qui passe pour savourer plus intensément le présent ?
Merci l'Amie Geneviève pour le petit clin d'oeil philosophique... Et merci Petit Graptor pour cette autre ouverture vers le ciel qui complète la première...

dimanche 6 juillet 2008

Fleurs de pierre

Les fleurs, c'est périssable... Même les fleurs sculptées dans la pierre et même si on les accroche à un grand château du XIIIe siècle.Alors pour partir à la recherche de cette beauté perdue, il faut beaucoup de patience et de compétence : un moulage de ce qu'il reste, d'abord... Puis des préparatifs soignés et musclés... Des mesures et des gestes mesurés... Et enfin, un jour, après bien des coups sur les doigts... Mais qui eût cru qu'une gracieuse jeune fille du XXIe siècle consacrerait des jours de vacances à un apprentissage si rude ? Il doit y avoir un sortilège quelque part derrière ces grosses tours...
(Merci Petit Graptor pour le photo-reportage)

jeudi 3 juillet 2008

Là-bas

C'est une ville de granite, entourée de murs épais qui semblent défier le temps après avoir résisté à tant de guerres et de grandes marées... L'hiver, le vent apporte le sel des embruns et du sable fin jusqu'au fond des ruelles luisantes... L'été, les touristes arpentent les petits pavés gris, de boutique en boutique, les larges dalles polies des remparts et les pavés ronds comme des pains chauds, près des plages dorées...
Cris de goélands... Appels des cloches de la cathédrale... Tintement des haubans contre les mâts des voiliers amarrés devant la ville close...
Et la mer, la mer, toujours recommencée... Les plus modestes vaguelettes finissent en rouleaux réguliers le long du Sillon... Si douces soient-elles, elles ne peuvent pas laisser oublier les furies d'équinoxe, quand ni les milliers de récifs dispersés dans la baie ni l'armée des brise-lames ne suffisent à contrer la violence des paquets de mer qui s'écrasent sur les murs, les rues et les façades...
Et par-dessus tout ça, les caprices du ciel aux longues brumes tenaces, aux petits matins piquetés d'éclats par les phares de la côte, aux après-midi bleu parfait et aux soirs éclatants de juillet...
C'est beau...
C'est Saint-Malo...
(Merci Petit Graptor pour la photo.)

mardi 1 juillet 2008

Bienvenue à La Havane

Myosotis voyage de temps en temps, de blog en blog et de surprise en surprise. C'est souvent amusant et sympathique, parfois admirable ou très émouvant... Beaucoup d'esprit, des créations, des témoignages, la blogosphère semble offrir une infinité de promenades pour tous les goûts.
Une des dernières rencontres en date est celle de Yoani Sánchez sur son blog Generación Y. Cette fois, il est question de politique, de l'histoire d'un peuple et de l'Histoire tout court.
Yoani est jeune, talentueuse et entreprenante. Elle a voyagé à l'étranger, elle est rentrée volontairement à Cuba et elle s'appuie maintenant sur de nombreux amis qui lui offrent leur soutien et leur assistance technique... Elle est surveillée de près... Elle écrit bien, mais elle ne peut avoir accès à son propre blog. Le magazine Time vient de la classer parmi les 100 personnalités les plus influentes de l'année.
A force de considérer Cuba comme le lieu quasi mythique où survivent des dinosaures politiques qui font presque sourire, on en avait oublié qu'une vraie dictature y règne sur des gens vraiment privés de liberté. Des gens las, résignés ou révoltés, qui aspirent à la vie... Yoani écrit pour elle-même et pour eux, sincère et lucide. Certains de ses billets sont traduits dans plusieurs langues.
Va-t-elle rester longtemps prisonnière ainsi, alors qu'elle s'est trouvé un espace de liberté inouï ?
Et combien sont-ils, ailleurs, les blogueurs comme elle qui déjouent la surveillance officielle et parviennent à échapper à la censure ?
Dans son petit jardin tranquille, Myosotis a senti soudain souffler des vents inattendus...

L'année dernière à Mont Désert

C'était un été un peu particulier... Camper dans le Maine, tout près du parc d'Acadia, l'idée semblait séduisante. Mais la croissance de Petit Lierre encore bien caché s'accompagnait de nausées constantes et Myosotis devait faire de gros efforts pour accomplir la plus modeste randonnée... Grand Chêne (un peu dépité) cherchait des solutions pour que le séjour soit agréable quand même et son plus beau cadeau a été la visite de la maison de Yourcenar à Northeast Harbor, sur l'île de Mont Désert.Myosotis a visité Petite Plaisance toute seule (avec Petit Lierre bien sûr, plutôt discret). C'est une jolie maison décorée d'objets choisis avec soin et peuplée de bibliothèques organisées par ordre chronologique : l'Antiquité dans le bureau, l'Orient dans le salon, puis le Moyen-Age et la suite jusqu'au XXe siècle dans la chambre de Madame (au premier étage, qu'on ne visite pas). Un cadre sur mesure, habité et soigneusement entretenu depuis vingt ans pour perpétuer le culte de l'écrivain.

Le plus marquant pourtant n'est peut-être pas l'intérieur de la maison mais le jardin. Yourcenar aimait la nature et les animaux, elle a voulu un jardin pour eux, avec des fleurs et des arbres fruitiers destinés aux oiseaux, un cimetière pour enterrer ses chiens, et enfin pour elle-même un potager et un lieu de promenades méditatives. Elle a acheté peu à peu le terrain, l'a fait débroussailler puis y a tracé des sentiers adroitement croisés pour donner l'impression d'un espace plus vaste. Au coeur du jardin, parmi les grands arbres préservés avec amour, elle a voulu une petite pièce d'eau, avec une grosse pierre moussue et une lanterne japonaise. Elle venait s'y asseoir en fin de journée, allumait une petite bougie dans la lanterne de pierre grise et attendait la nuit. La modeste lanterne en forme de maisonnette, coiffée de son toit et percée du large trou où vacillait la flamme de la bougie, devenait le coeur du jardin et sa seule source de lumière, sous les branches agitées par le vent et la vie nocturne... Yourcenar aimait à dire :

La maison c'est Petite Plaisance, mais le jardin c'est grande plaisance...

Myosotis n'a pas osé prendre des photos. C'était si intimidant d'être là... Le bureau de Yourcenar, ses livres, ses châles et ses stylos... Le jardin de Yourcenar, la lanterne venue d'Orient et la grosse pierre moussue qui doit l'accompagner...
Au camping aussi se trouvait une grosse pierre, que Mademoiselle Bee a décorée à sa façon (en fabriquant elle-même la peinture à partir d'une mine de crayon écrasée)... Après tout, qui sait ce qu'en aurait pensé Madame ?