mardi 30 septembre 2008

Dialogue d'automne

Dans un joli jardin de Bretagne...
Petit Palmier s'étonne : "Alors c'est reparti, il n'y a rien à faire, vous ne perdrez pas cette habitude ridicule ?"
Grand Caduc s'offusque : "Je ne vois rien de ridicule dans ce changement de parure qui me sied si bien...
- Peut-être, mais ça ne dure pas longtemps ! Et ensuite, pendant l'hiver, vous êtes tout nu...
- Ne soyez pas sot. Vous savez bien que je participe au mouvement de toute la nature... La lumière elle-même change en cette saison, tout se fait pourpre et or... Excepté vous.
- Et j'en suis fier ! Je n'y suis jamais allé, mais dans mon pays d'origine, on ne change pas de couleur avant de se dépouiller comme vous faites...
- C'est fort dommage...
- Mais on reste vert toute l'année ! Et les jardiniers ont autre chose à faire que ramasser des monceaux de feuilles mortes !
- Mon jardinier ne se plaint pas, pourvu que je sois beau. Il m'admire et se fait une raison. Il attend ensuite que je prépare mon feuillage de printemps, et il se réjouit de me voir déplier mes bourgeons.
- Vous en avez du travail au fil des saisons ! Moi, à votre place, je me lasserais... Je garderais une bonne fois mes feuilles bien vertes, au lieu de m'épuiser à tout recommencer chaque automne !
- Cette fois, c'est vous qui êtes ridicule... Mes feuilles s'usent plus vite que vos palmes, et je prends plaisir à les renouveler, vous dis-je. Mais tenez-vous bien, de grâce, on nous regarde...
(Merci Peter pour la photo.)

lundi 29 septembre 2008

Symphonie pour un Graptor

A présent qu'elle est rentrée en France, le cher petit Graptor bien-aimé laisse le souvenir de moments précieux, à célébrer dignement :

PREMIER MOUVEMENT
Rapide et enlevé, c'était la surprise de l'annonce, l'attente puis l'arrivée, dans l'enthousiasme et la joie inespérée de prolonger les bonheurs de l'été, malgré les tempêtes de saison.

DEUXIEME MOUVEMENT
Lent et lyrique, c'était la reprise de contact et l'intimité retrouvée, les jeux avec Mademoiselle Bee (et Gloria lapin), Petit Sapin (et sa Wii), Petit Bouton d'or (et ses poupées), Petit Lierre (heureux avec n'importe quoi dans les mains, pourvu que ce soit dans les bras de quelqu'un).

TROISIEME MOUVEMENT
Menuet et scherzo en moral dévasté pour douche froide et bouilloire... Mais pourquoi Myosotis ne peut-elle vivre d'eau fraîche, comme toute petite fleur bien née ?

FINALE
Triomphale, toujours dans le ton affectueux mais plus chaleureux (grâce au chauffe-eau tout neuf), et enfin dans le vent et le soleil aveuglant au moment de la séparation sur le parking de l'aéroport... C'est bien pratique d'avoir le soleil dans les yeux car on ne s'étonne pas qu'ils brillent, et le vent aussi casse un peu la voix avant d'emporter les derniers mots...

Puis la CODA, très lente, dure tout le temps qu'il faut pour imaginer l'avion qui emmène, au-dessus de l'Atlantique soudain si large, le Graptor endormi qui retourne à sa famille, à ses études et à ses amours... Le coeur un peu serré, Myosotis dans son jardin ressent profondément la longue vibration des moteurs qui s'étire jusqu'au moment de l'atterrissage, la fin du voyage, la fin du concert.

Mais on connaît la musique, d'autres oeuvres sont programmées et les petites notes échangées le plus souvent possible maintiendront l'harmonie...

C'était sans fausse note, petit Graptor chéri, tout le jardin, Grand Chêne compris, est debout pour une standing ovation bien méritée.
Merci et bisous.

vendredi 26 septembre 2008

Tout bouge...

... enfin au jardin de Myosotis !
D'abord la porte du garage : malgré la mauvaise humeur du technicien contrarié par l'amateurisme de l'installation, il est désormais possible d'actionner un simple bouton pour entrer et sortir. Quelle joie pour Petit Bouton d'or qui peut de nouveau utiliser son vélo, et pour le Grand Chêne qui peut sortir tranquillement la tondeuse et les poubelles !
Ensuite, le ballon d'eau chaude : plus besoin de brancher la bouilloire électrique dans la salle de bain pour chauffer l'eau du bain de Petit Lierre, plus besoin de se convaincre que l'eau froide tonifie les muscles ou d'aller à la piscine du YMCA pour une douche chaude... Du même coup le lave-linge et le lave-vaisselle fonctionnent de nouveau (mais pourquoi ont-ils absolument besoin d'eau chaude aussi, ceux-là...).
Et enfin, après 13 visites (c'est à la fois peu et beaucoup) parfois éprouvantes (certaines maisons sont dans un état qui ne laisse pas indifférente une âme sensible), Myosotis et son Grand Chêne ont trouvé une nouvelle maison et l'affaire est en train de se conclure. C'est le moment de savourer les mots d'Aragon, merveilleusement poétique dans sa manière d'envisager une opération immobilière :

(...) A rien peut-être n'avons-nous tant joué, qu'au jeu des maisons, des jardins : et je te montrais de la route au loin la colline, une ruine comme un palais, ces grands arbres noirs où se perdre ou cette terrasse où rêver, celle-là, Fougère, on l'achète ? Ah, nous en avons tant acheté, des demeures dans la campagne ou des cachettes dans les villes, pour l'amour et pour le silence, et notre solitude à deux !

Mais c'est merveilleux aussi d'acheter une grande maison pour y faire vivre tout un jardin dont les habitants se sont égaillés, à peine entrés pour une première visite, du sous-sol aux chambres de l'étage aussitôt réparties sous l'autorité de Mademoiselle Bee. Petit Sapin n'a pas contesté, il voulait seulement qu'on le laisse redescendre pour jouer au billard...

mardi 23 septembre 2008

Respirer à fond

Allons, du calme, après tout, ça va passer...
Oui mais ZUT !
Une semaine après Hanna, il a fallu retourner éponger le sous-sol parce que le ballon d'eau chaude s'est laissé aller... Il avait un défaut, a dit le plombier, pas de chance... (Et d'ailleurs, le problème de la pompe qui n'avait pas rempli sa fonction, c'était juste une histoire d'installation mal faite, encore un défaut...) En tout cas, pas d'eau chaude depuis plus d'une semaine...
Et pendant ce temps-là, le réparateur de la porte du garage (qui refuse de s'ouvrir) explique (d'un air pas très content) que l'installation a été mal faite aussi... Et que c'est pour ça que le moteur n'a pas tenu le coup... Et qu'il était installé sur l'emplacement d'une simple ampoule, ça ne pouvait pas marcher bien longtemps, ce bricolage... Et qu'il n'est pas sûr de pouvoir arranger la porte elle-même, mal placée aussi...

Une note positive ? Oui, mais positive pour Myosotis seulement : le cher Graptor bien-aimé, le petit trésor de petite soeur qui fait son bonheur est venue passer deux semaines aux USA avant sa rentrée universitaire... Et s'occuper de Petit Lierre... Et veiller sur les devoirs de Petit Bouton d'or... Et faire passer de bons moments à Petit Sapin et Mademoiselle Bee qui en redemandent... Et faire sa toilette à l'eau froide, avec shampooing dans l'évier de la cuisine... Et attendre patiemment que les journées passent et que la promesse de rendez-vous du plombier devienne réalité (avec de faux espoirs ce matin à 7:30, immédiatement ruinés à 8:30 pour une sombre histoire de camion en panne...). Et visiter des maisons plus ou moins habitables en vue du prochain déménagement du jardin au complet (une bonne idée, dans le fond)...
Sérieusement, vous croyez qu'elle reviendra ?

(Merci Lysiane pour la jolie photo : des boutons de fleurs, des promesses de printemps...)

samedi 6 septembre 2008

C'était Hanna...

Hanna avait perdu de sa vigueur avant de s'approcher de Washington DC... Ici, malgré les messages "Alerte météo extrême" si souvent diffusés, on ne s'inquiétait quand même pas trop. On se disait que le jardin serait trempé et jonché de branches mêlées aux feuilles mortes, et que ce serait une occasion de rester tranquillement à la maison. Erreur.
Tout avait pourtant bien commencé. Une pluie battante, interminable, tombait depuis le matin et il régnait en même temps une chaleur étonnante : on pouvait prendre sa douche dehors ! Mais pas dans le jardin de devant, trop exposé au passage des voitures... Le jardin de derrière se prête mieux à ce genre de bêtises. Et pendant qu'on y était, en maillots de bain et avec les parapluies, on en a profité pour aller un peu dans le spa.
Petit Lierre
regardait ça de loin, à l'abri, et ouvrait de grands yeux, un peu éclaboussé tandis que Myosotis prenait des photos depuis le seuil... C'était si drôle, on se disait qu'on en parlerait au Grand Chêne (qui revient enfin demain) et qu'il ne serait pas fâché... Mais l'après-midi, Hanna a montré un autre visage... La pluie durait, toujours aussi violente, des coups de vent secouaient brutalement les arbres et l'électricité sautait de temps en temps... Myosotis venait d'expliquer qu'il fallait s'attendre à une véritable coupure (un arbre aurait emporté les fils dans sa chute, c'est courant...) quand justement, les lampes se sont éteintes. De même que le réfrigérateur, l'ordinateur, le lave-linge, et la climatisation aussi... Mais le plus ennuyeux, c'était dans la cave, où la petite pompe qui travaille constamment dans une sorte de trou carré ouvert dans le sol s'était arrêtée également. Et le niveau de l'eau a commencé à monter dans le trou carré.
Alors il a fallu se battre : étaler sur le sol tous les journaux disponibles, apporter de la lumière (bougie et lampes), trouver des récipients et écoper... Petit Lierre pleurait tout seul parmi ses jouets dans le salon, Mademoiselle Bee très active apportait tous les seaux qu'elle trouvait et remontait les vider dans les toilettes, Petit Sapin essayait de faire barrage en disposant du papier journal, Myosotis puisait et puisait sans cesse et l'eau s'étalait de plus en plus autour d'eux... Petit Bouton d'or venait de glisser dans l'escalier et pleurait à son tour quand la voisine et son fils sont arrivés, au grand soulagement de Myosotis qui se demandait à partir de quel degré de détresse il convient d'appeler le 911.
On s'est partagé la tâche de consoler les pleurs des uns et des autres et de poursuivre la lutte contre l'eau qui montait toujours, puis on a décidé d'appeler les secours, et quand ils sont arrivés la petite pompe s'est remise à fonctionner, toute seule... Les secours sont donc repartis, puis la petite pompe s'est arrêtée, et l'eau s'est remise à monter, très vite, mais les autres voisines et des amis sont arrivés à leur tour... On a rempli et porté des bassines et des seaux, étalé des chiffons dans l'escalier pour essayer de ne pas glisser, câliné Petit Lierre et rappelé les secours... Et l'électricité est revenue.
Comme tout est devenu simple alors ! La petite pompe a repris son travail pour de bon, bien plus efficace, la lumière et la climatisation ont rétabli le confort auquel on ne pensait même plus, il ne restait qu'à attendre que tout sèche...
Et comme pour se faire pardonner, le ciel a offert un coucher de soleil magnifique De quoi pousser Myosotis à méditer sur les évènements de la journée... La faiblesse humaine face aux éléments déchaînés... Le bonheur de pouvoir compter sur des personnes dévouées... Le privilège de retrouver tout le confort quand l'électricité revient... Sans oublier un autre fait remarquable : Petit Lierre a sorti sa première dent...