jeudi 22 octobre 2009

Un tout petit moment dans la douceur d'octobre...


Arbres de mon jardin arbres du voisinage
arbres vous le savez personne n'y peut rien
arbres voici l'automne
et le temps a passé

Demain vous serez là sans feuille sans couleur
arbres vous dresserez vos troncs noirs craquelés
dans le froid dans le vent
dans la pluie solitaires

Vos branches nues au ciel ne porteront plus rien
au fil des jours glacés des brumes des matins
des longues nuits d'hiver
que mes rêves d'été

Arbres silencieux patients et fidèles
merci pour la douceur d'être tout simplement

jeudi 15 octobre 2009

Et pourtant, pourtant...

Myosotis a fait un grand plongeon. Du Latin, encore du Latin, toujours... Avec de (gentils) petits groupes d'élèves clairsemés qui arrêteront dès qu'ils auront le bac en poche. Parmi des (gentils) collègues tout occupés de mille autres choses, qui regardent passer la prof de Latin comme ils contempleraient le dernier des dodos. Avec la conviction de travailler pour la gloire, en étudiant ces textes fondateurs que plus personne ne lit.
Dans le casier abandonné par la collègue partie à la retraite, un vieux Gaffiot sommeillait, doucement appelé à tomber en poussières... Myosotis, dont le Gaffiot est encore en très bon état (pas assez utilisé ?) l'a réparé de son mieux (encore un épisode de la grande série : le Remède serait-il pire que le mal ?) en espérant qu'il servira encore un peu... Il faut garder la foi.


Et pourtant, pourtant, la mort de Socrate racontée par Cicéron, avec ses mots magnifiques et drôles qui évoquent le doux sommeil de la mort et qui trouvent un écho dans le To be or not to be d'Hamlet (Dormir ? Rêver peut-être...)...
Le récit par Tite-Live de l'exploit des Sabines, épousées de force mais devenues si fortes d'êtres épouses...
Les vers si bien pesés d'Horace pour parler de l'amour, Avec toi j'aimerais vivre, avec toi je mourrais volontiers...
Myosotis en s'y replongeant a retrouvé les bonheurs uniques de la Littérature éternelle, celle qui était avant, celle qui a nourri et formé les auteurs des siècles suivants. Avec le bonheur de faire partager tout cela aux élèves qui ont eu le courage ou la faiblesse de se laisser convaincre de continuer.
Il y a là-dedans quelque chose de l'ivresse des cimes, ce que l'on doit éprouver quand se retrouve très haut, tout seul, après de longs efforts, pour contempler le monde avant d'y retourner.