vendredi 25 décembre 2009

Noëls...

C'était hier au soir, pas tout à fait la nuit, pas vraiment la Messe de Minuit, mais presque. Myosotis, son Grand Chêne et le Petit Jardin au complet avaient pris place dans la grande église Saint Raphaël, pleine de messieurs cravatés et de dames en tenue de fête, robes courtes et chaussures légères (elles ne sont pas frileuses, les Américaines). Pas de chorale, mais des musiciens et des solistes de talent. Une décoration magnifique : une jolie crèche à grands santons près de l'autel, des poinsettias roses partout, des bougies, tout ce qu'il faut pour faire Noël.
Mademoiselle Bee, dévouée, s'est portée volontaire pour veiller sur Petit Lierre dans le bocal de verre prévu à cet effet. Petit Sapin, impeccable, et Petit Bouton d'or en belle robe de velours se tenaient près du Grand Chêne. Tout le monde suivait attentivement les beaux chants et la belle liturgie devenue familière. C'est alors que Myosotis est partie...
Dans Les trois messes basses, Alphonse Daudet raconte une histoire de fantômes qui reviennent interminablement célébrer dans les ruines de la chapelle du château de Trinquelage,

tout en haut du mont Ventoux,
les offices de Noël jadis écourtés par la gourmandise de dom Balaguère... Daudet décrit une assemblée étonnante
De belles dames en brocart avec des coiffes de dentelle, des seigneurs chamarrés de haut en bas, des paysans en jaquettes fleuries ainsi qu'en avaient nos grands-pères, tous l'air fané, poussiéreux, fatigués.
Il est vrai que les offices de Noël sont souvent en rivalité avec les tables bien garnies qui appellent la gourmandise... Pourtant, l'inspiration de Daudet pourrait bien venir d'ailleurs... On voit tant de fantômes à la messe de Noël...

Pour la petite famille de Myosotis enfant, la Messe de Minuit était un moment unique dans l'année. Perdue dans l'assemblée compacte des soirs de fête, elle ne voyait que des manteaux tout autour d'elle et les cierges étaient bien loin, dans le choeur. Il fallait attendre la fin pour aller voir de près le petit Jésus déposé en procession par un enfant en aube blanche, dans la crèche montée pour la circonstance. Il y avait la liturgie, qu'elle suivait de son mieux, avec ses textes inoubliables, mais surtout la musique et les chants... Tout cela est revenu avec un cortège de fantômes dans la mémoire et dans le coeur de Myosotis...
L'un des fantômes de Noël chante d'abord Minuit chrétiens, d'une voix tonitruante qui s'élève terrible sous la haute voûte. Puis il y a le long Gloria des Anges dans nos campagnes... Puis les chants plus doux qui invitent à la charité, Ton plus beau cadeau, ton Noël de fête, et encore Il est né le Divin Enfant... Il y a le sourire du sacristain, les saluts de plusieurs vieilles dames, le bonjour vague d'une camarade de classe... L'orgue déchaîné qui répand ses flots d'harmonie somptueuse sur les fidèles pressés de rentrer chez eux au chaud... Et la nuit froide, sur le parvis...

Myosotis a flotté un moment, envahie par les souvenirs. Les activités de Petit Bouton d'or tout occupée de son stylo et de ses papiers l'ont aidée à revenir tout à fait à elle. Et le bonheur de Noël est comme un rocher : même battu par des flots de fantômes, il demeure solide, stable, profondément ancré dans un présent (presque) éternel.
Joyeux Noël !

vendredi 18 décembre 2009

Des vacances...

... des vraies ! Devant la cheminée avec un bon bouquin !
Mais en restant réalistes : ne rêvons pas de grasses matinées (Petit Lierre veille), ne comptons pas sur l'harmonie familiale (Mademoiselle Bee est de plus en plus teenager) et n'imaginons pas que les différents écrans verront diminuer leur pouvoir d'attraction (sauf peut-être pendant les jours de neige, Petit Sapin a déjà préparé sa luge neuve et Petit Bouton d'or le suivra, à moins qu'elle ne le précède ?)...
Alors c'est simplement une pause...
Une pause avec le Grand Chêne, qui s'accorde deux semaines loin du bureau.
Une pause pour jouer les touristes à Washington DC...
Et pour savourer les dernières nouvelles de la grrrrande réforme annoncée dans les lycées français : a priori, malgré les rumeurs alarmantes et les vilaines déclarations hostiles, il ne se passera rien de particulier pour les Langues Anciennes. On va continuer à traverser les années en se félicitant d'intéresser encore quelques élèves, de les aider à décrocher une mention au bac et d'enrichir leur culture personnelle avec les bribes des trésors au programme...

C'est tout simple.
(Honnêtement, vous trouvez qu'il a perdu de son charme, le grand Jules César ? Il a l'air poussiéreux ? Choisi au hasard, comme ça, est-ce que son mâle visage ne donne pas envie de lui laisser au moins une petite place à coté de l'histoire des arts, de l'informatique ou des sciences de l'ingénieur ?)