mercredi 28 janvier 2009

Journées blanches

Il paraît (c'est Greg Mortenson qui le dit dans Three Cups of Tea, l'histoire de sa conversion à l'aide humanitaire) que les Balti, qui vivent dans les montagnes au nord du Pakistan, ont autant de mots pour désigner la roche que les Inuit pour la neige. Les lectures exotiques apportent évasion et instruction à la fois, et c'est parfois plein de poésie...
Les hivers successifs à Washington DC ont aussi leur côté instructif. Moins pour les enfants (les écoles ferment dès les premiers flocons) que pour les parents, qui ont tout intérêt à maîtriser le vocabulaire de la météo locale. Attention aux nuances : ice storm signifie que tout va se recouvrir d'une épaisse couche de glace très belle mais très lourde, qui fait tomber les arbres et les fils électriques, et qu'il faut enlever la neige du sol le plus tôt possible car elle devient dure comme pierre ; winter mix signifie qu'il va tomber un mélange de neige et de pluie potentiellement glissant ; winter storm signifie des précipitations neigeuses, snow et icy rain, et que tout ça (la couche bizarre ainsi obtenue) va geler au sol.
Voilà 3 hivers que Myosotis apprend une expression nouvelle chaque année, quelle variété, mais combien d'années avant que l'expérience acquise ne soit réutilisable ?
En tout cas, cette fois, Petit Lierre était de la partie. Il aura appris que la neige, c'est froid, et que la glace, ça glisse. Et que la luge dans les bras de Mademoiselle Bee, c'est super. Mais que par prudence il vaut mieux laisser Petit Sapin dévaler la pente de Monument Hill tout seul (il va beaucoup trop vite). Et quant à Petit Bouton d'or, qui est tombée de sa luge sur le visage, en pleine vitesse, elle se souviendra aussi que la neige glacée, ça fait mal. Si l'école est ouverte demain, elle sera une star dans sa classe avec l'oeil gonflé et le côté gauche du visage tout bleu. Souvenir coloré d'une journée blanche...

mercredi 21 janvier 2009

C'était hier...

... vu d'ici. C'est-à-dire, non pas à DC mais ici, devant l'écran de l'ordinateur familial. D'abord la version de Petit Bouton d'or Puis la version de Mademoiselle Bee. Merci mesdemoiselles !
Pour une fois ivre d'images retransmises en direct, Myosotis a tout suivi du début à la fin (avec des pauses pour les repas et pour la sieste de Petit Lierre). La longue attente de la foule, l'entrée des protagonistes et des V.I.P., le serment délicieusement cafouillé, le défilé le long des avenues glaciales, la parade, les bals du soir...
Deux conclusions : Obama est moins bon comédien que l'on ne pensait, s'il s'est trompé au moment de prêter serment c'est peut-être qu'il pensait surtout à l'engagement qu'il prenait et à tout ce que cela implique... Un bon point pour lui.
Quant à Madame Obama, si rayonnante quand elle marchait au milieu de la rue avec sa jolie tenue colorée mais sans doute moins chaude que le manteau de son président de mari, on a pu voir qu'elle était moins à l'aise dans sa robe de bal un peu trop longue... Une première dame qui donne des coups de pieds dans le bas de sa robe du soir pour pouvoir se déplacer, c'est peut-être une première dame qui se soucie moins des apparences que de l'action ? Un bon point pour elle.
Mais tout cela n'est qu'hypothèses.
Aujourd'hui, le nouveau président a commencé par travailler sur la crise économique, puis sur la situation militaire en Irak et en Afghanistan...

mardi 20 janvier 2009

De gloire, de génie et de boue glacée

C'est aujourd'hui, voilà, nous y sommes... Le nouveau président des Etats-Unis va prêter serment sur la Bible ! Une foule de fervents et de curieux s'amasse sur le National Mall, le courage d'affronter ce jour d'hiver leur donne en quelque sorte part à la gloire du grand homme du jour. Ils pourront dire "J'y étais".
Mais quelle folie, alors que la température extérieure devrait rester inférieure à O°C, de se lever avant l'aurore pour gagner le vaste espace surveillé où l'on peut tout juste espérer ne pas être trop mal placé par rapport aux écrans géants ! On ne verra presque rien, on entendra peut-être SA voix dans les hauts-parleurs, et il faudra se contenter de quelques aperçus de la parade ensuite avant de quitter les lieux... Tout cela sans aucun moyen de s'asseoir ni de se restaurer, car les mesures de sécurité interdisent tout ce que le génie humain pourrait de près ou de loin assimiler à une arme ou à ce qui pourrait en dissimuler une (Thermos, sac à dos, parapluie, couverture...).
Tandis que 2 millions (?) d'Américains vont passer cette journée debout dans la boue glacée, les autres suivront tout cela devant leur écran bien au chaud. Renoncent-ils pour autant à leur part de gloire ? Pas du tout, car le génie commercial a tout prévu : les supermarchés offrent à leurs clients des plateaux repas préparés spécialement pour la grande occasion

"Vous aimez Obama ? Nous aussi ! Vous voulez passer la journée unis de coeur et d'intention avec lui, avec ses fervents, avec la Nation au complet ? Nous aussi ! Alors n'hésitez plus, nous avons tout prévu, aujourd'hui manger sera un acte civique, patriotique et glorieusement agrémenté de colorants bleu-blanc-rouge (avec des étoiles). Il ne restera plus qu'à digérer tout ça, en attendant qu'IL se mette au travail, nous LUI faisons confiance et nous sommes avec LUI."
Commercialement vôtre, GIANT, Quality Food for Quality people.

vendredi 16 janvier 2009

Twilight

C'est une belle histoire d'amour... Enfin presque... Il a fallu accompagner Mademoiselle Bee au cinéma, parce qu'elle a reçu les quatre volumes pour Noël, parce que c'est fait pour elle, très à la mode parmi ses copines, et qu'elle ne pouvait pas y aller avec son père, quand même...
Alors voilà Myosotis dans un fauteuil de cinéma, pour la première fois depuis longtemps. (C'est difficile d'aller au cinéma avec un Petit Lierre accroché aux jupes, et tellement plus simple de regarder des DVD choisis, à la maison !) Enfin, courage, petite fleur, ce n'est pas parce que le film est classé horror, 13 years old with parental guidance que ton sommeil en sera perturbé durablement...
Une fois la projection commencée (moins effrayante que les bandes annonces...), on se rassure : ces vampires ne sont pas méchants (enfin pas tous), ils ont le bon goût d'habiter dans une jolie région boisée de l'état de Washington et le scénario rappelle quelque chose... Une très jolie jeune fille qui ignore son pouvoir de séduction... Un très beau jeune homme qui connaît trop bien le sien... Un terrible secret qui rend leur amour impossible...
Mais oui, c'est bien lui ! Le beau garçon pâle aux cheveux ébouriffés par le vent, aux yeux cernés par les veilles et au coeur torturé de passions vagues... Il a traversé deux siècles pour revenir, plus séduisant que jamais, sous les traits d'un généreux vampire amateur de musique classique, qui consacre ses nuits sans sommeil à regarder dormir celle qu'il aime, en résistant à la tentation de la mordre comme un fruit exquis.
Depuis son lointain XIXe siècle, le jeune premier romantique a subi une transformation sensible : il est désormais immortel mais privé des joies de l'existence (il ne peut ni manger ni se promener au soleil...), superpuissant mais dangereux s'il perd le contrôle de sa force (le sang de la jolie héroïne a une odeur spéciale...) , inhumainement beau mais inaccessible à sa bien-aimée (qui va vieillir sans lui s'ils ne trouvent pas une autre solution...).
Le romantisme n'a pas fini de nous étonner.