dimanche 31 mai 2009

Susan Boyle


Le rêve est terminé... Un peu d'amertume en découvrant que le conte de fée se termine sur une telle fausse note : on a vraiment jugé bon de faire concourir notre petite dame à la voix d'or avec une équipe de danseurs sans aucun point commun avec elle ? Et ils ont gagné (en plus d'un beau chèque) le droit de se produire devant la Reine d'Angleterre ?
Le premier mouvement de déception passé, on réfléchit. C'est le choc de deux univers culturels, à l'image de ce qui se passe dans la vie : ce que je connais, ce que j'aime et qui me fait vibrer, contre ce que je ne connais pas, ce qui me surprend et me fait un peu peur... Un petit effort, je devrais être capable de percevoir la beauté au-delà de la remarquable performance physique de ces jeunes gens pleins de qualités....
Mais l'amertume persiste. C'est que la troupe des gagnants danse sur une musique dans laquelle je ne me reconnais pas du tout, sur une chorégraphie qui m'est totalement étrangère... Et pour déployer leur talent, il leur faut une vaste scène dans une salle de spectacle, le hublot de mon écran suffit à peine à révéler tout leur art. Alors que la voix de Susan Boyle rejoint mon coeur sur un simple clic et y demeure comme un baume bienfaisant. J'emporte dans ma tête ses intonations et son visage si proche... Et le soir, avant d'éteindre l'ordinateur, je retourne sur You Tube deux minutes, le temps de la revoir et de l'entendre encore... Petit moment de pause, comme une tasse de tilleul avant d'aller dormir... Tisane Boyle...
Mais au fait, que chante-t-elle ? Les paroles entendues si souvent étaient pourtant claires dès le premier jour, il ne devrait pas y avoir de surprise...

Now life has killed the dream I dreamed...

Les mots qui charmaient si bien n'ont pas perdu leur sens, il s'agit d'un rêve brisé.
Ce qui n'interdit pas d'aimer encore Susan. Et d'attendre la suite... Il doit y avoir une vie après "Britain's got talent".

lundi 25 mai 2009

Chère Blogosphère

Je viens te remercier pour une première année complète passée à te découvrir et à employer tes services.
Depuis les premiers jours, j'ai gardé le même émerveillement en ouvrant des pages et des pages riches de toutes les surprises. Bien sûr, j'ai eu parfois de mauvaises rencontres mais il m'a suffi de tourner la page et de ne pas y revenir... Tu offres tant de libertés ! A moi de ne retenir que le meilleur.
Sais-tu que grâce à toi, j'ai des blogamies lointaines qui sont très proches ? Que j'ai voyagé comme jamais ? Que j'ai exploré des domaines aussi exotiques pour moi que la décoration, la mode, la couture, la cuisine et le monde des chauffeurs routiers ? Que j'ai passé des heures à lire des inconnues devenues soeurs ? Comme j'aime ces moments d'intimité, ces éclats de bonheur, ces trouvailles, ces oeuvres d'art et de fantaisie, instants de partage si doux qui éveillent des échos, au fil des jours, jusque dans mes occupations les plus banales !
J'ai vécu avec toi de grands moments de peine et de joie, des déménagements, des deuils et des naissances, tout cela fait désormais partie de ma vie. Les découvertes que tu m'offres comme autant de cadeaux sont là, dans la liste de mes promenades, et tu vois qu'elle s'allonge doucement, j'en suis pleine de gratitude et je sais que l'aventure ne fait que commencer.
Au seuil de ma deuxième année, trouve ici l'expression sincère de ma reconnaissance, avec de grosses bises virtuelles mais affectueuses.
Bien à toi,
Myosotis

dimanche 24 mai 2009

Solitudes

Les données sont à peu près identiques dans tous les cas : d'une part, LES AUTRES, d'autre part, MOI. Mais toutes les solitudes ne se ressemblent pas.
Il y a celles que l'on subit, lieux de toutes les souffrances.
Solitude insoutenable du mourant sans secours, du malade délaissé, du prisonnier oublié... Solitude déchirante de l'enfant abandonné... Solitude de l'amoureux éconduit, de l'époux bafoué, de l'ami trahi...
Solitude de celui qui perçoit la présence autour de lui d'une foule de gens auxquels rien ne le relie. Solitude de l'attente vaine, quand aucun bruit de pas ne s'arrête devant MA porte, quand aucune sonnerie de téléphone ne retentit CHEZ MOI, quand la boîte aux lettres ne contient jamais que des imprimés ou des factures... Solitude plus cruelle les soirs de fête, dans ces moments où l'on sait que LES AUTRES se donnent rendez-vous, se retrouvent et s'amusent. Et la cohorte des sempiternelles questions : pourquoi EUX là-bas, ensemble ? Pourquoi MOI, ici ? Qu'est-ce que j'ai fait , qu'est-ce que je n'ai pas su faire pour en être, MOI AUSSI ?

Il y a les solitudes que l'on accepte, avec résignation (quand on ne peut faire mieux et parfois ce n'est déjà pas si mal) ou avec sagesse (à l'école des simples, des philosophes ou des saints).
Solitude du veuf qui trouve chaque matin la force de se lever et de sourire à ses enfants... Solitude du rescapé, de celui qui porte les souvenirs de son épreuve comme un fardeau, mais qui parvient à vivre quand même sans s'acharner à se faire comprendre... Solitude de celui qui subit l'injustice mais qui se tait parce qu'il ne peut rien prouver, rien exiger, rien attendre.

Ces solitudes-là peuvent devenir les plus belles : celles que l'on choisit en toute conscience.
Solitude des veilleurs et des gardiens de phares... Solitude des ermites et des chercheurs d'infini... Solitude de ceux qui ont besoin de temps pour relire les évènements et les pensées d'hier, affronter les réalités et les idées d'aujourd'hui, se préparer aux imprévisibles de demain... Solitude assagie de celui qui a trouvé sa juste place, qui cesse de distinguer entre MOI et LES AUTRES, qui se sait uni à tous et à chacun jusque dans son silence. Solitude soudain pleine de sens. Solitude mystérieusement féconde du moine en oraison, de l'écrivain cloîtré, de la petite vieille qui nourrit les oiseaux ou du pêcheur à la ligne abrité sous son chapeau...
Le Grand Chêne est parti pour une semaine et voilà à quelles méditations se livre Myosotis... Vous imaginez ce qui se passerait si elle avait épousé un sous-marinier ?

mercredi 20 mai 2009

Murmure du temps qui passe

Le quotidien de Myosotis est fait de tâches régulières, simples mais essentielles, avec quelques moments plus intenses durant lesquels différentes obligations se téléscopent et se compliquent mutuellement.
Faiblesse de petite fleur ? Myosotis se dit trop souvent que son petit jardin ressemble à un domaine en friche, cerné par une jungle sauvage où rodent des bêtes hostiles (et laides)...
Cela dit, au fil des jours et des saisons, même sans y penser, on en arrive toujours à un anniversaire. C'est le moment de faire une pause et de réfléchir un peu.
Myosotis vient d'avoir 39 ans... Ce n'est pas encore considérable, pourtant c'est déjà quelque chose. Et quelle joie de mesurer le petit chemin parcouru...
Le Grand Chêne, à cette occasion, s'est surpassé en lui offrant le DVD d'un film de 1992 vainement cherché jusqu'à présent : Avril enchanté. Les meilleurs cadeaux sont peut-être ceux que l'on peut partager :

L'histoire est simple. C'est l'adaptation (réussie) d'un livre (exquis) d'Elizabeth Von Arnim. Il y est question de quatre respectables Londoniennes qui s'offrent des vacances en Italie. Et leurs vacances sont réussies ! Et malgré quelques difficultés au départ, ce mois de soleil parmi les fleurs permet à chacune un épanouissement qui laisse le (la ?) spectateur (spectatrice ?) ébloui (e) et heureux (se)...
Faute de succès commercial sans doute, on n'a pas pris grand soin des qualités techniques de ce DVD... C'est égal, la magie fonctionne tout de même. Et à la fin, quand on se retrouve chez soi devant son écran vide, on est bien...
On respire. On écoute en soi le souffle du bonheur qui vient encore de prouver qu'il existe. On entend le murmure du temps qui passe, avec la douce pensée que l'on va vers un bon port, en dépit de tout...

dimanche 10 mai 2009

Gourmandises

Premièrement : Il a beaucoup plu, il va pleuvoir encore.
Deuxièmement : Mademoiselle Bee passe deux jours dans la nature avec sa troupe de guides.
Troisièmement : Il faut y aller et s'efforcer de rester au sec et de bonne humeur.
Quatrièmement : Mademoiselle Bee apprécie les douceurs...
Conclusion : Les bottes idéales

On n'a pas prétendu qu'elles soient parfaitement en harmonie avec l'uniforme. On ne suppose pas non plus qu'elles permettent de longues marches sur tous les terrains... Mais on s'amuse bien parfois en faisant du shopping, sans même avoir besoin pour cela d'acheter du superflu !

jeudi 7 mai 2009

A quoi bon vivre au mois de mai

Depuis des années, La Mise à mort (édition de poche déjà jaunie) d'Aragon figure en haut de la bibliothèque de Myosotis (ordre alphabétique exige). C'est un peu le déménagement de novembre qui a poussé le petit volume hors de sa place et qui en a fait le compagnon de route des longues semaines de cartons et de déballage... Une page de temps en temps, et encore une rencontre fulgurante avec un grand du XXe siècle, aussi talentueux que déroutant.
Dans La Mise à mort, Aragon réfléchit sur la nature de la littérature, embrouille le lecteur, s'amuse à esquisser des histoires et à se moquer de lui-même (entre autres choses)... Puis donne ici ou là un joyau à admirer, et c'est un éblouissement :

CHANSON

Que sais-tu des plus simples choses
Les jours sont des soleils grimés
De quoi la nuit rêvent les roses
Tous les feux s'en vont en fumée
Que sais-tu du malheur d'aimer

Je t'ai cherchée au bout des chambres
Où la lampe était allumée
Nos pas n'y sonnaient pas ensemble
Ni nos bras sur nous refermés
Que sais-tu du malheur d'aimer

Je t'ai cherchée à la fenêtre
Les parcs sont en vain parfumés
Où peux-tu où peux-tu bien être
A quoi bon vivre au mois de mai
Que sais-tu du malheur d'aimer

De cette lente et longue attente
Où n'est vivre qu'à te nommer
Dieu toujours même et différente
Et de tout moi seul à blâmer
Que sais-tu du malheur d'aimer

Mon coeur m'oublie et je demeure
Comme le rameur sans ramer
N'écoutant que de toi clameur
N'étant que du temps consumé
Connais-tu le malheur d'aimer

En voilà un qui sait parler d'amour, en se jouant des mots et de la syntaxe, en se jouant de tout, excepté de celle à qui il voue les sentiments dont il submerge au passage le lecteur (la lectrice ?) enchanté(e)...
Et voilà qu'il fait bon vivre au mois de mai, malgré la pluie...

lundi 4 mai 2009

Pluies

Ce n'est pas que l'on s'ennuie... Mais si l'on n'y prend garde, un regard par la fenêtre pour chercher vainement une trouée dans les nuages, un frisson parce que l'humidité semble pénétrer insidieusement partout, un regret en voyant les fleurs des rhododendrons ouvrir leurs jolies corolles éclatantes sous les lourdes gouttes qui les assomment, une légère réticence en pensant qu'il faudra s'équiper tout à l'heure (et équiper Petit Lierre) pour ressortir... Et voilà que l'on s'attriste.
Quelques vers de Verlaine reviennent alors sans prévenir

Il pleut dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Et l'on ne sait plus qui a commencé, le coeur qui s'est laissé aller à une certaine mélancolie ou bien la pluie qui l'y a amené ?... En tout cas c'est le blues assuré. Un regard sur la page météo du journal (dont les pages d'informations générales sont carrément déprimantes) n'arrange rien :

Alors, que faire ?
Parmi toutes les solutions possibles dans le temps imparti par la sieste de Petit Lierre, la plus plaisante se cache dans le premier roman de Jean Rouaud, les Champs d'honneur, pages 16 à 26, dix pages de pur bonheur littéraire qui déclinent la pluie sur tous les tons :
Bruine tenace, pluie fine, poudre d'eau, crachin interminable, lent rideau dense, occupation minutieuse de l'espace, grain de traîne, pluies de tempête ou de noroît, limaille ou flèches d'eau,
tout y est, avec les effets de chaque type de précipitation sur l'environnement et sur les habitants de Loire-Inférieure... L'auteur n'a pas refusé le titre de Mozart des pluiviomètres, et il a eu raison, car il le remarque lui-même, c'est quand même Mozart...
Allez, pour reprendre le dessus, on ne s'arrête que sur le plus joyeux des échantillons offerts par notre merveilleux auteur : la pluie printanière
De fait, les premières douceurs sont dans l'air, des serpentins tièdes et parfumés sillonnent l'ambiance encore hivernale des jours qui rallongent (...). Vous êtes si absorbé par cette bonne nouvelle, si ravi de l'approche perceptible des beaux jours, que vous ne remarquez pas qu'au-dessus de vous, en trois minutes, le ciel se couvre, et brutalement, sans crier gare, il pleut. Il pleut avec une vivacité comique, un déluge presque enfantin au son rapide et joyeux. (...) Ce n'est pas la pluie, mais une partie de cache-cache, un jeu du chat et de la souris. D'ailleurs, le temps de reprendre son souffle et le ciel a retrouvé son humeur bleutée. Une éclaircie, vous avez déjà pardonné.
Bien sûr, ça ne s'oublie pas et c'est presque un proverbe, après la pluie, le beau temps ! (Mais pour affronter le contenu des pages d'informations générales du Washington Post, il faudra trouver autre chose...).