dimanche 19 décembre 2010

De Romilly au paradis

Jacqueline de Romilly vient de mourir. La grande dame des Lettres Classiques avait 97 ans, elle était très malade et presque aveugle. C'est elle-même qui donne le mot de la fin pour conclure sa biographie :

« Avoir été juive sous l'Occupation, finir seule, presque aveugle, sans enfants et sans famille, est-ce vraiment sensationnel ? Mais ma vie de professeur a été, d'un bout à l'autre, celle que je souhaitais. »
La liste impressionnante de ses oeuvres (depuis sa thèse sur Thucydide), les fonctions qu'elle a occupées et les distinctions qu'elle a reçues en attestent.
Elle s'amusait à se présenter en affirmant que son époque était le IVe siècle avant Jésus-Christ et en convenant avec coquetterie qu'elle ne faisait pas son âge... Émerveillée par le miracle grec, elle croyait fermement que la culture classique pouvait aider les gens de notre époque à vivre mieux. Avec son talent, sa passion, son esprit, elle ennuyait ceux qui prétendaient faire des économies en diminuant le budget consacré à l'enseignement du Latin et du Grec. Elle ne les ennuiera plus.
C'est bien dommage parce que le Grec, c'est joli


C'est aussi plein d'histoires qui nous touchent au plus profond de l'âme : l'Odyssée d'Ulysse qui veut rentrer chez lui après 20ans d'absence, le triste sort d'Andromaque en deuil de Troie, la douleur d'Œdipe écrasé par son destin...
Et c'est encore riche de grands exemples de sagesse qui n'ont pas fini de nous éclairer, Socrate, Aristote et tous les autres...

Depuis son paradis, elle ne laissera sûrement pas tomber sa lutte pour les jolis mots et les grandes idées qui la rendaient si heureuse. Pour que vive encore et toujours la beauté à laquelle elle avait voué son existence

vendredi 17 décembre 2010

Destins de fleurs

Sous la neige à nouveau, il est temps de faire mémoire des dernières fleurs qui ont enchanté la belle saison... Après l'explosion de tout ce qui colorait les jardins cet été, quand les premiers froids de l'automne sont venus, on a remarqué çà et là des rebelles ou des obstinées...
Ainsi, cette petite touffe poussait au pied d'un grand mur, non loin de la potiche qui aurait dû l'accueillir. Elle n'avait pas choisi le plus facile mais elle était jolie quand même, bien décidée à tenir son rôle jusqu'au bout... Une vraie rebelle


Plus tard, en plein novembre, le rosier jusque là sans histoire planté près de la porte d'entrée a voulu lui aussi se distinguer, obstiné, trompé peut-être par quelques jours de douceur. Il a formé un modeste bouton que l'on n'a pas voulu laisser dehors dans les nuits glacées... Mais il était trop tard, ou trop tôt dans sa croissance, le bouton ne s'est pas ouvert et la rose n'a pas même vécu la vie d'une fleur.... Joli quand même, le rameau est resté bien vert près d'un mois


Faut-il préciser que la touffe de fleurs rebelle a été réduite par le froid à un petit tas de boue verdâtre ?
Est-il nécessaire d'expliquer que le bouton obstiné a péri décapité dans la chute du vase, quand Petit Lierre a eu un geste à la fois rapide et maladroit qui a précipité sa fin ?
Mais non, ce n'est pas le moment de s'attrister. L'hiver arrive, il va falloir garder le sourire malgré le froid et puis, c'est bientôt Noël.

lundi 13 décembre 2010

Est-ce par hasard ?

De jolis cadeaux de Noël sont déjà arrivés aujourd'hui... Le Grand Chêne a échangé des cadeaux avec ses collègues (façon Secret Santa, chacun apporte quelque chose et reçoit ce qu'a apporté un autre) et voici ce qu'il a reçu : un joli cadre qui invite à la relaxation, accompagné d'une bougie apaisante


De son côté, Myosotis a été gâtée par l'amie à qui elle donne des cours particuliers de Latin : une boîte de tisane calmante aux boutons de rose et autres délices très doux


L'invitation est claire... Même si la période de Noël est intense et intensément fatigante, même les soirs où le Grand Chêne rentre tard, quand Petit Lierre refuse de manger et va se cacher derrière la poubelle, tandis que Petit Bouton d'or pleure de rire dans son assiette parce que Mademoiselle Bee et Petit Sapin échangent à haute voix des stupidités énormes, il faut garder le temps de respirer...

dimanche 31 octobre 2010

Halloween

C'est ce soir... Une grande tradition ici, qui commence à l'école


et qui ressemble bien davantage à Mardi Gras qu'à la fête effrayante inventée par les commerçants français.
Tout le monde se déguise et joue le jeu, les adultes comme les enfants. Même le curé de la paroisse (qui a ajouté un casque à son col romain pour visiter le chantier du nouveau bâtiment) en profite pour se joindre au cortège...

Tout le monde décore sa maison, sa voiture, son bureau... Dans les magasins, les dames portent des bijoux ornés de citrouilles et de petits fantômes, les hommes ont des cravates de même style. Partout, les enfants portent des pulls et des chaussettes orange et noir, même les chiens et les chats ont des costumes prévus pour eux (impossibles de savoir si ça leur plaît)... Jusqu'au grand soir où l'on sort déguisé pour de bon (et souvent méconnaissable) pour aller réclamer des bonbons aux voisins :

trick or treats...
Une blague ou une friandise !
Les blagues consistent par exemple à emballer les buissons de papier hygiénique, autour des maisons dont la porte ne s'ouvre pas.
Les friandises sont des bonbons (par kilos), des cookies ou des bouchées sucrées préparées spécialement, parfois de menus objets (gommes, crayons, carnets, gadgets) dont on rempli les paniers des enfants qui courent de porte en porte.
C'est une chance, ce soir il ne pleut pas. Les bougies pourront brûler tranquillement dans les citrouilles creusées avec soin... Et le contenu des citrouilles en question sera transformé en potage pour affronter les soirées d'hiver, bientôt...

jeudi 21 octobre 2010

Les promesses de l'automne

On est en plein dedans, c'est magnifique. Encore plus beau peut-être dès que l'on pense combien ce sera éphémère... Mais pour une fois, luttons contre le romantisme et sa douce mélancolie. Il y a tant de choses à attendre de l'automne !
D'abord, un matin, on a vu passer ceci sur l'autoroute : c'était le premier chargement de citrouilles destinées à la capitale fédérale

Ensuite, les magasins de jardinage et bricolage ont soudain fait un effort accru pour nous vanter les mérites de leurs produits. Mais Petit Lierre était conquis d'avance...


Enfin, le moment est venu d'aller dans les fermes du voisinage cueillir soi-même les citrouilles destinées à orner la maison. Et pas d'amateurisme !

On fait la queue (comme à Disneyland) pour monter dans la charrette du tracteur qui nous emmène au champ, puis on ramasse les citrouilles de nos rêves, et on refait la queue pour revenir en charrette et refaire la queue avant de payer (au poids) les dites citrouilles. Cela fait, il reste une quantité d'activités à faire découvrir aux enfants : quelques animaux en cage, des labyrinthe de paille et de maïs, une moissonneuse-batteuse transformée en toboggan, des espaces spécialement prévus pour les photos de famille...

Bien sûr, avec tout ça, les photos ne sont pas de très bonne qualité... Mais Myosotis avait une citrouille dans chaque main et s'est débrouillée avec son téléphone portable pour prendre ces clichés d'automne... Mademoiselle Bee dira-t-elle encore que sa Maman n'est pas de son époque ?

dimanche 10 octobre 2010

Un dragon sur la joue

Petit Bouton d'or fait montre d'un certain caractère. La vie quotidienne avec elle n'est pas encore placée sous le signe de la révolte adolescente, mais ses refus sont sans appel et elle s'échappe dès qu'elle le peut pour n'obéir qu'à ses lois...
Elle a eu récemment l'occasion d'aller participer à une fête médiévale (à l'américaine), avec animations de rue et tournoi de chevaliers. Elle a beaucoup aimé cette sortie et, le soir, la conversation a roulé sur la chevalerie, les châteaux, le Moyen-Age...
Au hasard d'une évocation, un souvenir familial est remonté à la surface : le grand-père de Myosotis avait dit-on reçu la distinction de chevalier de l'Ordre de Saint-Grégoire le Grand. Le joli titre honorifique conférait entre autres choses, dit-on encore, le droit d'entrer à cheval dans une église... Myosotis a expliqué cela à Petit Bouton d'or en soulignant l'incongruité de la chose : comment imaginer son arrière-grand-père, digne retraité de la RATP, toujours impeccable sous son chapeau de feutre gris, entrant à cheval dans une église ?
Mais Petit Bouton d'or n'a pas hésité un instant. D'un ton résolu, avec un petit sourire pointu et le regard brillant, elle a lancé :

Moi, je l'aurais fait !

Elle avait encore sur la joue le dragon dessiné par une animatrice de la fête...

vendredi 8 octobre 2010

Bis repetita...

Une semaine après, Niagara à Rockville, volume 2 : "le Retour des serpillières".

Les dégâts :
- machine à laver en panne, se remplit mais ne se vide pas (enfin, pas comme il faudrait)
- évacuation de Gloria pour lui éviter de se mouiller les pattes et le reste
- inondation de la partie chaufferie du sous-sol, à peine sèche depuis la dernière fois
- une quantité encombrante de linge sale et mouillé à traiter

Les gaffes :
- faire confiance à Reina pour s'occuper de la lessive (mais elle travaille pour nous depuis 4 ans...)
- attendre que la machine à laver achève d'elle-même une carrière déjà longue (14 ans...)

Conclusion : L'eau demeure la base de tous les grands nettoyages mais au bout d'un moment ça suffit.
Conclusion bis : Myosotis rêve de vacances dans un désert, par exemple la Vallée de la Mort, Arizona ou Nouveau Mexique (mais on va d'abord acheter une nouvelle machine à laver et Reina n'y touchera pas)...

samedi 2 octobre 2010

...

Voilà l'actualité du petit jardin.
Les dégâts :
Pas besoin d'évacuer la maison, pas de blessé, rien de grave au fond... Mais le sous-sol entièrement inondé et une journée complète (avec l'aide du Grand Chêne providentiellement présent) passée à éponger, sortir les matelas et tapis ruisselants, faire sécher tout le reste... Petit Bouton d'or avait étalé sur le sol une grande quantité de coussins et tous les déguisements accumulés depuis des années (Batman, Superman, Spiderman... Aucun n'est water-proof).
Les gaffes :
Avoir fait confiance à l'ancien propriétaire qui avait assuré qu'il n'y avait pas de problème d'inondation au sous-sol. Il a passé 30 ans dans cette maison, il a bien dû en voir d'autres, des tempêtes tropicales, avec leur mousson incorporée et leurs conséquences logiques... Jusqu'à présent, on avait épongé de petites flaques en supposant que ce n'était pas grave, que ça n'irait pas plus loin...
Résolution :
Dès que c'est sec, on fait venir un spécialiste et on installe une pompe dans un trou, un vrai trou profond, hou qu'il sera profond le trou...!

jeudi 16 septembre 2010

Nutella et soleil couchant

Il était prévu que la rentrée ne soit pas un moment facile mais on n'avait pas supposé qu'il y aurait un problème important à affronter : c'est Petit Bouton d'or la victime, pauvre chaton qui a traîné tout un été de grande nervosité (avec crises de déprime profonde) et de plaques rouges sur la peau (ici ou là, sans raison apparente), pour finir avec une vilaine toux sèche et une grosse crise de larmes, un matin à l'école, peu après la rentrée... L'explication se trouvait dans les deux petits tubes de sang prélevé chez le médecin : allergie aux cacahuètes (encore et toujours, alors qu'elle n'en mange jamais) et nouvelle allergie, au soja cette fois.
Pas de panique, au début on prend la chose avec bonne humeur et on se dit que ce n'est pas difficile à régler... Oui mais... Le pain de mie des sandwichs quotidiens, les crackers, les cookies du goûter, les Oreo "double chocolate" bien aimés et surtout le chocolat Milka ainsi que le Nutella du dimanche (et d'ailleurs les croissants aussi), tout cela comporte du soja !
Alors c'est parti, on achète une machine à faire du pain soi-même (et on lit soigneusement le mode d'emploi), on passe deux fois plus de temps à faire les courses (en lisant à fond les étiquettes, pour éliminer une quantité impressionnante de produits devenus familiers) et on appelle au secours les amies expérimentées. Et le chagrin de Petit Bouton d'or apitoie jusqu'à Mademoiselle Bee, qui essaie de la réconforter un peu.
Le point positif ? C'est évident, depuis que l'on fait attention, elle va nettement mieux, retrouve le sourire, une peau de pêche et une respiration normale.
La question de fond ? Juste après avoir appris qu'elle devrait renoncer à beaucoup de ses produits préférés, Petit Bouton d'or a demandé la permission de sortir marcher un peu, pour aller

regarder le coucher du soleil...
Le Romantisme n'est-il que l'effet secondaire d'allergies alimentaires inattendues ?

mercredi 8 septembre 2010

Miscellaneous

La rentrée, cette année, ne concerne pas directement Myosotis qui n'enseigne plus (sauf des cours particuliers donnés avec grand plaisir). Mais indirectement, il faut prendre soin de Mademoiselle Bee devenue lycéenne, de Petit Sapin en dernière année de middle-school, de Petit Bouton d'or qui a un peu le blues dans son CM1 américain et de Petit Lierre qui brûle de passer plus de 2 matinées par semaine dans sa nursery school...
Trois établissements scolaires. Cela fait beaucoup. Miscellaneous, c'est le mot qui convient... Des mélanges se produisent, il y a des oublis et parfois des rendez-vous qui se téléscopent. Mais c'est la vie. Et ces derniers jours, des images frappantes sont venues rappeler qu'il faut de tout pour faire un monde et que la profusion des tâches quotidiennes s'accompagne aussi de surprises variées.

Par exemple, tout le monde ne consacre pas septembre à l'achat de fournitures scolaires...

De même, tout le monde n'utilise pas sa porte d'entrée de la même manière et cela donne un air de mystère (avec ouverture sur la quatrième dimension) à Monument Hill... Ajoutons encore que si certains parkings sont construits pour accueillir des voitures, d'autres n'ont pas cette fonction... Et le bitume en oublie son grand deuil...

Tout cela n'est qu'à demi sérieux... Reste qu'il faut le reprendre, ce rythme quotidien. Un clin d'oeil apporte un instant de détente, mais ensuite, quand il faut se garer sur des parkings gris normaux, remplir (et vider) normalement le coffre de la voiture, ouvrir normalement la porte d'entrée avec les mains encombrées de sacs et objets divers... Et attendre le Grand Chêne parti en Europe pour 10 jours... Comment garder courage ?
Une dernière image du miscellaneous de septembre est venue apporter la solution. Une image merveilleuse, puissante, inaltérable malgré ses modestes dimensions... (Les services postaux ont bien fait les choses...)

On y va Mother, on y va, et s'il vous plaît, restez avec nous pour AIMER tous les jours.

lundi 30 août 2010

Que ma joie demeure

Le titre est harmonieux, la lecture indispensable, le plaisir immense...
Ce livre a accompagné Myosotis une bonne partie de l'été (le temps peut-être d'oublier sa peine quand on lui a annoncé qu'elle perdait son emploi de professeur de Latin... Elle avait le livre en main dans le couloir, en attendant le rendez-vous final).
Giono sait tout de la terre et de la vie. Il semble connaître parfaitement chaque espèce végétale ou animale et chaque petit rouage de leur monde :

Dehors, pas de bruit. La lune glissait le long des montagnes de l'ouest. Les loutres étaient parties. Un chat-huant guettait sans bruit sur la poulie du grenier. De temps en temps il ouvrait ses yeux rouges. L'étang suçait doucement les sables de ses petites plages. Les champs étaient noirs. La terre labourée ne se laisse pas éclairer par la lune. Seuls luisaient les talus d'herbe.

Il sait aussi peindre la quête du bonheur, le désir et la passion, avec des mots stupéfiants de simplicité.
Un certain malaise survient pourtant quand l'auteur évoque la tentation communiste sans la nommer et quand la politique vient en quelque sorte compliquer les choses si belles évoquées au début... Mais les hommes qui peuplent le roman sont blessés au coeur et ne peuvent de toute façon pas construire le paradis... Reste l'espérance :

C'est comme ça que parfois les choses se font et l'espérance humaine est un tel miracle qu'il ne faut pas s'étonner si parfois elle s'allume dans une tête sans savoir ni pourquoi ni comment.
Le tout c'est qu'après elle continue à soulever la vie avec ses grandes ailes de velours.

vendredi 27 août 2010

Moment de Grâce

Moyennant un peu d'organisation, le rendez-vous pour la vidange de la voiture devient l'occasion d'une balade : on habille Petit Lierre (toujours disposé à sortir), on prend le petit déjeuner et on accompagne le Grand Chêne à la station de métro ; le garage n'est pas loin, on y laisse la voiture et la clé, on explique à Petit Lierre qu'il faut que le monsieur change la vieille huile de la voiture et on déplie la poussette à trois roues, celle des longues promenades...

Alors commence une marche douce, parmi les voitures et les passants pressés du centre ville, mais dans la lumière du matin tout frais. On a le soleil dans le dos, la lune blanche et presque ronde est encore bien visible au-dessus des buildings. Petit Lierre calé dans sa poussette, au chaud sous sa couverture, commente le passage d'un camion de pompiers et multiplie les remarques emportées par le bruit des moteurs.
Il fait bon, la journée sera belle et dorée comme une promesse d'automne. Les arbres de la rue, les buissons et les jardins poussent en tout sens une profusion de feuilles et de branches verdoyantes... Deux vitrines, le temps d'un regard sur un gâteau factice aux couleurs passées et d'un sourire à la jeune chinoise employée du pressing... On s'éloigne du centre ville. On sonde au passage le mystère d'une maison abandonnée, derrière une haie trop épaisse, et l'on se dit que ses fenêtres muettes pourraient retrouver le sourire à peu de frais.
Au carrefour, un square, deux bancs de bois dans un coussin de fleurs roses, Petit Lierre descend de la poussette et court un moment sur le gazon dans le vacarme des voitures qui s'arrêtent et redémarrent au feu vert.
On repart. La rue devient un peu plus calme, les maisons s'espacent, le soleil monte, Petit Lierre ravi est de nouveau lové dans sa poussette... Les pelouses soigneusement tondues laissent paraître sur leurs bords de jolies touffes sauvages de fleurs bleues que l'on n'a pas voulu couper. Un grand vieil arbre foudroyé par la violence des dernières pluies s'ouvre en deux parties, l'une verte et droite, l'autre jaunie et morte déjà...
Marcher fait du bien, les appels des oiseaux et les chants d'insectes emplissent l'espace laissé libre par les moteurs, tout est simple et plaisant...

Mais Petit Lierre ne se laisse pas aller, il a le monde à découvrir et une question lui vient soudain à l'esprit :
"Comment il va faire, le monsieur, pour enlever l'huile de la voiture ?"

mercredi 25 août 2010

C'était l'été

La belle saison n'est sans doute pas encore finie. Il doit y avoir quelques beaux jours en réserve, des moments de soleil et de jeux qui auront encore le bon goût de l'été. Mais septembre arrive et juste avant de tourner la page du calendrier, l'on regarde déjà les souvenirs de vacances avec une certaine distance...
Le chantier du deck, qu'il fallait protéger après les ponçages par la neige et la glace de l'hiver précédent ; gros travail pour le Grand Chêne et Mademoiselle Bee, sous l'oeil attentif de Petit Lierre

Les visites prévues de longue date, des rencontres et des retrouvailles pour profiter ensemble de la maison, avant de faire quelques visites dans les musées (gratuits et climatisés)

Une semaine au bord de l'Atlantique, beaucoup de chaleur, du soleil, du vent, des plages variées, des troupes de dauphins qui jouaient dans les rouleaux pas très loin du rivage

Et maintenant...
Une jolie phrase de Dr Seuss lue chez le médecin, en sortant des visites rituelles de pré-rentrée

Don't cry because it's over... Smile because it happened !

mercredi 4 août 2010

Nommer, c'est faire exister

Petit Lierre s'attache à telle ou telle peluche selon les moments. L'élu devient alors indispensable pendant quelques jours, puis un autre le remplace, de préférence l'un des favoris des grands : le petit pingouin "Pokémon" de Petit Sapin, le singe fétiche de Petit Bouton d'or, la bestiole adorée de Mademoiselle Bee, qui ne s'en souvenait plus mais qui ne veut pas la laisser pour autant à son petit frère...
Le dernier élu est un joli petit lapin, mignon et doux à souhait, que l'on pourrait confondre avec ceux que l'on aperçoit dans le jardin

Petit Lierre l'emmène jouer avec lui, le câline, veut dormir près de lui... Alors on lui a proposé de donner un nom à ce nouveau compagnon. Petit Lierre a bien réfléchi, a fait le tour de ce qu'il aime pour donner plus de poids à son choix, puis a rendu son verdict :

"Il s'appelle... Monsieur Bulldozer !"


Quelque chose de la personnalité de cet adorable lapereau avait dû échapper à tout le monde...

dimanche 1 août 2010

Parler les p'tits papiers...

D'abord, une lettre est tombée d'un livre lors d'une brocante : impossible de savoir de quel livre, on la retrouve au fond du sac, on hésite, on la tourne et retourne, on la sort de l'enveloppe, on entreprend de la lire en se promettant de s'arrêter tout de suite si c'est une indiscrétion trop grave...

Mais c'est tout simplement un mot d'un Papa à son fils qui est dans l'armée et dont il regrette l'aide pour tondre la pelouse... Tendresse paternelle, mots griffonnés sans affectation, douce complicité de la signature qui redit l'amour de Dad + Mom... Depuis combien d'années ces doux sentiments sont-ils restés là, palpitants sur le papier qui jaunit doucement ?

Peu après, à la maison, quand les ouvriers ont retiré les meubles de l'ancienne cuisine, deux fiches cartonnées sont arrivées entre les mains de Myosotis. Glissées derrière un placard à l'insu de la propriétaire qui a dû bien les chercher...Une recette, pas facile à déchiffrer mais sûrement savoureuse, vu les taches qui montrent son usage répété

Un gâteau à la citrouille... C'est une idée !

Plus sérieux (sa perte a dû coûter quelques larmes et peut-être une punition), un relevé de notes

Les notes ne sont pas brillantes (c'est Petit Sapin qui souligne, il s'y connaît en bonnes notes et en critiques assassines) et il fallait au moins s'efforcer de ne pas en perdre la trace, dans l'espoir de montrer de la bonne volonté avant les progrès attendus pour les mois suivants...
Mais depuis combien de temps la jeune fille en question a-t-elle quitté l'école, et même l'adresse indiquée, sans plus se soucier de ce malheureux carton taché ?

Pour finir, en balayant les brindilles sur le gazon (objet de tous les soins du Grand Chêne), Myosotis a trouvé un petit carton blanc gondolé par la pluie... Et là, c'est un regard qui l'a saisie

Bébé charmeur, espiègle et plein d'attention, qui donc a perdu ton sourire en passant dans la rue, et depuis combien de temps ? Il en faut peu pour gâter le papier photo... Es-tu toujours ce petit bébé, occupé à contempler l'objectif qui te prend en photo pour ton premier passeport, ou bien as-tu eu le temps de grandir un peu, et de t'en servir pour aller rendre visite aux ancêtres qui t'ont légué de si beaux yeux ?

mercredi 28 juillet 2010

Découvrir le vaste monde

Petit Lierre ne doute de rien.
Puisque les grands s'en vont avec leurs vélos et s'amusent à dévaler la colline à toute vitesse, puisqu'il a depuis peu son propre vélo et puisqu'il a compris comment le faire avancer, Petit Lierre s'en va.
Tout seul.Il n'a besoin de personne pour ouvrir la porte de la maison, ni celle de l'abri où il range son vélo (presque) tout seul.
Il lui reste pourtant quelques petites choses importantes à apprendre : mettre un casque, tourner le guidon, freiner quand ça descend trop vite... Et là bas, au bout de la ligne droite du trottoir encore encombré par les effets de la tempête, il n'imagine pas non plus quelles complications l'attendent avant de parvenir en haut de la colline...
Alors Myosotis va le rattraper, lui répéter qu'il doit prévenir avant de sortir de la maison, le ramener avec tendresse et diplomatie vers le jardin, puis l'emmener faire sa sieste. Chaque chose en son temps.

lundi 26 juillet 2010

Tornade ?

Au moment où les nuages de plomb sont arrivés, une alerte météo extrême annonçait une tornade. On n'y croyait pas tout à fait (on espérait simplement un bon orage qui rafraîchisse l'atmosphère) et le parasol est resté à sa place, au-dessus de la vieille table de jardin... Quelqu'un a seulement proposé de poser par-terre les pots dans lesquels Petit Bouton d'or fait grandir 4 futurs grands arbres. C'était une bonne idée mais on a eu tout juste le temps de la mettre à exécution. Il a fallu rentrer très vite et fermer la porte, dans le vent qui s'est déchaîné soudain et qui a tout emporté, avant une averse si violente qu'on ne voyait plus les branches s'effondrer autour des maisons. Et après... On s'est retrouvé sans électricité puisque les fils étaient tombés avec les branches (et il faisait toujours chaud)... On est sorti pour évaluer les dégâts...

Sans trop de regrets pour la vieille table et le vieux parasol, on est allé aider le voisin à dégager l'accès de sa maison...

Par chance, sa voiture n'était pas garée là où sont tombées les plus grosses branches.

D'autres gens ont eu moins de chance et l'on n'en finit pas d'égrener les cas plus graves, en se réjouissant quand même lorsque l'électricité revient. Et les petits arbres rescapés (ainsi que les bougies anti-moustiques) sont sains et saufs...

jeudi 22 juillet 2010

Norman Rockwell

C'est une exposition temporaire comme on ose à peine en rêver : des oeuvres collectionnées par George Lucas et Steven Spielberg (l'un possède des esquisses de tableaux achevés que possède l'autre, et vice versa), présentées par eux-mêmes dans un petit film très simple. Ils évoquent leur admiration pour Norman Rockwell et l'inspiration qu'ils trouvent dans ses tableaux... Et on les comprend sans peineC'est drôle ou touchant, plein de vie et toujours tendrement croqué. Loin de la caricature mais malicieux, et si près du coeur et des rêves des gens ordinaires...

Et parmi les heureuses surprises, un portrait de Gary Cooper en cours de maquillage pour un film muet, noir et blanc bien sûr... L'antiquité du cinéma !

mardi 22 juin 2010

Encore le Cloisters Museum...

... parce que c'était très beau. D'abord, il y avait tout ça :

C'est globalement étonnant, étourdissant, épuisant... Avec des échappées pleines de grâce, comme ce Chrysler Building qui n'est pas le plus grand, ni le plus célèbre, mais si joli pourtant.

Ensuite, il fallait remonter très au nord de Manhattan, hors des plans habituellement imprimés dans les guides. Ce n'est pas très pratique, mais une fois là-bas, c'est un grand parc verdoyant qui vaut bien Central Park. Et Rockfeller a même eu la générosité d'acheter les collines d'en face, de l'autre côté de l'Hudson River, pour être certain que le décor resterait intact !

Et ensuite, il y avait le musée lui-même... Et des choses comme ça :

Ce chapiteau date du XIIe ou XIIIe siècle. Il fait partie d'une collection qui orne la salle capitulaire, tous les chapiteaux sont différents mais c'est celui-là qui l'emporte sur les autres... On le regarde sous tous les angles, en se couchant sur le banc juste en-dessous (les bons moines n'y avaient pas pensé mais ils ne se scandaliseront plus)

Et on s'émerveille : quelle plante a bien pu inspirer le sculpteur ? Un lotus, comme ceux des fresques égyptiennes ? Mais où l'avait-il vu, son lotus, ce sculpteur qui n'avait sans doute pas visité les pyramides ?

samedi 19 juin 2010

Vacances et révérence

C'était prévu, attendu par tous, plus ou moins désiré par chacun (selon sa fonction respective dans le petit jardin). Et voilà : les vacances d'été ont commencé !
Mais un évènement imprévu est arrivé en même temps, qui laisse Myosotis interdite et le coeur amer : a priori, les 8 heures de cours de Latin hebdomadaires qui l'ont tant occupée cette année seront attribuées à quelqu'un d'autre en septembre prochain...
Il faut être sage, avaler la nouvelle et rebondir. A l'américaine :

Tu as perdu ton travail ? Magnifique, c'est l'occasion de commencer autre chose, d'ouvrir des horizons plus grands, de te lancer de nouveaux défis !
Ils en ont de bonnes, les Américains... En attendant d'en arriver à cette phase exaltante, Myosotis est allée saluer les livres bien-aimés dont elle s'est occupée cette année, dans le cabinet de littérature du collège. Les rayons bien rangés par ses soins sont désormais accessibles sans peine avec le petit escabeau qu'elle a réclamé et obtenu ; les collections sont répertoriées, les manuels ont été triés, les revues pédagogiques mises en ordre dans leurs boîtes... Et le tout est désormais plongé dans la bienheureuse pénombre d'un double store qu'elle a obtenu aussi, en faisant valoir le risque d'usure prématurée des livres exposés aux longs soleil de l'été. Chefs d'oeuvres et autres objets littéraires plus ou moins précieux dormiront en paix quelques temps et peut-être une autre bonne âme aura-t-elle soin d'eux à partir de la rentrée prochaine...
Ravie de les avoir côtoyés de près si longtemps, Myosotis leur a dit merci avant de tirer sa révérence. Qu'il ne reste qu'un seul regret : celui de ne pas avoir eu le temps de tout lire.
Mais qui sait...?

dimanche 13 juin 2010

En cascade

Année après année, on apprend à aborder le mois de juin comme un marathon final : l'emploi du temps de chacun explose soudain, sauf celui du Grand Chêne qui demeure inchangé en rythme comme en densité.
Mais cette année, le marathon ressemblait aussi à une cascade d'évènements nouveaux dans la vie du petit jardin.
D'abord la fin de ce grand chantier commencé en mai : quand tout est fini, impeccable, concrétisé...
Il faut remettre en place la vaisselle et le quotidien, dans la joie si possible !

Ensuite, le Grand Chêne a offert à Myosotis la visite d'un musée de rêve (date prévue à l'avance, on ne pouvait pas savoir que le chantier irait si vite et si bien !), à New-York, le Cloisters Museum C'est Rockfeller qui a fait construire tout ça, en faisant venir de France toutes les vieilles pierres soigneusement remontées ensuite (et complétées) pour composer ce décor

Il a ainsi sauvé des merveilles qui dormaient sous le lierre et les ronces (tout en enrichissant par ailleurs sa collection de pièces d'orfèvrerie et autres tapisseries).

Bien sûr, on préfèrerait que tout ça soit à sa place, dans un joli coin de la vieille Europe... Mais quoi qu'il en soit, on savoure la douceur d'une halte hors du temps parmi les colonnades précieuses que plus rien ne menace désormais...

Étape suivant, Myosotis a dû s'occuper du bac ! Un peu de surveillance pendant l'épreuve de philosophie (rude épreuve pour les nerfs que de voir ces élèves perdre leur temps et rêvasser sous prétexte que ce n'était pas des maths ou de la physique...). Quelques oraux de Latin aussi, pour des candidats venus de loin passer le bac sur la côte est.
Et pour finir, la surveillance du brevet des collèges. Simple formalité, bien sûr, mais Myosotis a accepté de prendre en charge une gentille élève dyslexique, et donc de passer la totalité des épreuves à ses côtés pour lui lire tous les documents, textes et consignes, en maths aussi !
Et en fait, ce n'était pas la fin. Il restait aussi la participation à divers évènements à l'école de Petit Sapin et Petit Bouton d'or (lot commun à tous les parents d'élèves de bonne volonté, et il faut bien l'être de temps en temps...). Et la préparation de l'année prochaine au lycée français (répartition des cours et nouveaux programmes). Et Mademoiselle Bee avait un peu besoin de réconfort pour passer son propre brevet.... Et Petit Lierre dans tout ça ? La pleine forme, bien sûr, avec de grands débuts en tricycle !
C'est peut-être l'un des sujets de philosophie qui reste la note dominante de ces semaines si bien remplies :
Peut-on ne pas connaître son bonheur ?