lundi 30 août 2010

Que ma joie demeure

Le titre est harmonieux, la lecture indispensable, le plaisir immense...
Ce livre a accompagné Myosotis une bonne partie de l'été (le temps peut-être d'oublier sa peine quand on lui a annoncé qu'elle perdait son emploi de professeur de Latin... Elle avait le livre en main dans le couloir, en attendant le rendez-vous final).
Giono sait tout de la terre et de la vie. Il semble connaître parfaitement chaque espèce végétale ou animale et chaque petit rouage de leur monde :

Dehors, pas de bruit. La lune glissait le long des montagnes de l'ouest. Les loutres étaient parties. Un chat-huant guettait sans bruit sur la poulie du grenier. De temps en temps il ouvrait ses yeux rouges. L'étang suçait doucement les sables de ses petites plages. Les champs étaient noirs. La terre labourée ne se laisse pas éclairer par la lune. Seuls luisaient les talus d'herbe.

Il sait aussi peindre la quête du bonheur, le désir et la passion, avec des mots stupéfiants de simplicité.
Un certain malaise survient pourtant quand l'auteur évoque la tentation communiste sans la nommer et quand la politique vient en quelque sorte compliquer les choses si belles évoquées au début... Mais les hommes qui peuplent le roman sont blessés au coeur et ne peuvent de toute façon pas construire le paradis... Reste l'espérance :

C'est comme ça que parfois les choses se font et l'espérance humaine est un tel miracle qu'il ne faut pas s'étonner si parfois elle s'allume dans une tête sans savoir ni pourquoi ni comment.
Le tout c'est qu'après elle continue à soulever la vie avec ses grandes ailes de velours.

vendredi 27 août 2010

Moment de Grâce

Moyennant un peu d'organisation, le rendez-vous pour la vidange de la voiture devient l'occasion d'une balade : on habille Petit Lierre (toujours disposé à sortir), on prend le petit déjeuner et on accompagne le Grand Chêne à la station de métro ; le garage n'est pas loin, on y laisse la voiture et la clé, on explique à Petit Lierre qu'il faut que le monsieur change la vieille huile de la voiture et on déplie la poussette à trois roues, celle des longues promenades...

Alors commence une marche douce, parmi les voitures et les passants pressés du centre ville, mais dans la lumière du matin tout frais. On a le soleil dans le dos, la lune blanche et presque ronde est encore bien visible au-dessus des buildings. Petit Lierre calé dans sa poussette, au chaud sous sa couverture, commente le passage d'un camion de pompiers et multiplie les remarques emportées par le bruit des moteurs.
Il fait bon, la journée sera belle et dorée comme une promesse d'automne. Les arbres de la rue, les buissons et les jardins poussent en tout sens une profusion de feuilles et de branches verdoyantes... Deux vitrines, le temps d'un regard sur un gâteau factice aux couleurs passées et d'un sourire à la jeune chinoise employée du pressing... On s'éloigne du centre ville. On sonde au passage le mystère d'une maison abandonnée, derrière une haie trop épaisse, et l'on se dit que ses fenêtres muettes pourraient retrouver le sourire à peu de frais.
Au carrefour, un square, deux bancs de bois dans un coussin de fleurs roses, Petit Lierre descend de la poussette et court un moment sur le gazon dans le vacarme des voitures qui s'arrêtent et redémarrent au feu vert.
On repart. La rue devient un peu plus calme, les maisons s'espacent, le soleil monte, Petit Lierre ravi est de nouveau lové dans sa poussette... Les pelouses soigneusement tondues laissent paraître sur leurs bords de jolies touffes sauvages de fleurs bleues que l'on n'a pas voulu couper. Un grand vieil arbre foudroyé par la violence des dernières pluies s'ouvre en deux parties, l'une verte et droite, l'autre jaunie et morte déjà...
Marcher fait du bien, les appels des oiseaux et les chants d'insectes emplissent l'espace laissé libre par les moteurs, tout est simple et plaisant...

Mais Petit Lierre ne se laisse pas aller, il a le monde à découvrir et une question lui vient soudain à l'esprit :
"Comment il va faire, le monsieur, pour enlever l'huile de la voiture ?"

mercredi 25 août 2010

C'était l'été

La belle saison n'est sans doute pas encore finie. Il doit y avoir quelques beaux jours en réserve, des moments de soleil et de jeux qui auront encore le bon goût de l'été. Mais septembre arrive et juste avant de tourner la page du calendrier, l'on regarde déjà les souvenirs de vacances avec une certaine distance...
Le chantier du deck, qu'il fallait protéger après les ponçages par la neige et la glace de l'hiver précédent ; gros travail pour le Grand Chêne et Mademoiselle Bee, sous l'oeil attentif de Petit Lierre

Les visites prévues de longue date, des rencontres et des retrouvailles pour profiter ensemble de la maison, avant de faire quelques visites dans les musées (gratuits et climatisés)

Une semaine au bord de l'Atlantique, beaucoup de chaleur, du soleil, du vent, des plages variées, des troupes de dauphins qui jouaient dans les rouleaux pas très loin du rivage

Et maintenant...
Une jolie phrase de Dr Seuss lue chez le médecin, en sortant des visites rituelles de pré-rentrée

Don't cry because it's over... Smile because it happened !

mercredi 4 août 2010

Nommer, c'est faire exister

Petit Lierre s'attache à telle ou telle peluche selon les moments. L'élu devient alors indispensable pendant quelques jours, puis un autre le remplace, de préférence l'un des favoris des grands : le petit pingouin "Pokémon" de Petit Sapin, le singe fétiche de Petit Bouton d'or, la bestiole adorée de Mademoiselle Bee, qui ne s'en souvenait plus mais qui ne veut pas la laisser pour autant à son petit frère...
Le dernier élu est un joli petit lapin, mignon et doux à souhait, que l'on pourrait confondre avec ceux que l'on aperçoit dans le jardin

Petit Lierre l'emmène jouer avec lui, le câline, veut dormir près de lui... Alors on lui a proposé de donner un nom à ce nouveau compagnon. Petit Lierre a bien réfléchi, a fait le tour de ce qu'il aime pour donner plus de poids à son choix, puis a rendu son verdict :

"Il s'appelle... Monsieur Bulldozer !"


Quelque chose de la personnalité de cet adorable lapereau avait dû échapper à tout le monde...

dimanche 1 août 2010

Parler les p'tits papiers...

D'abord, une lettre est tombée d'un livre lors d'une brocante : impossible de savoir de quel livre, on la retrouve au fond du sac, on hésite, on la tourne et retourne, on la sort de l'enveloppe, on entreprend de la lire en se promettant de s'arrêter tout de suite si c'est une indiscrétion trop grave...

Mais c'est tout simplement un mot d'un Papa à son fils qui est dans l'armée et dont il regrette l'aide pour tondre la pelouse... Tendresse paternelle, mots griffonnés sans affectation, douce complicité de la signature qui redit l'amour de Dad + Mom... Depuis combien d'années ces doux sentiments sont-ils restés là, palpitants sur le papier qui jaunit doucement ?

Peu après, à la maison, quand les ouvriers ont retiré les meubles de l'ancienne cuisine, deux fiches cartonnées sont arrivées entre les mains de Myosotis. Glissées derrière un placard à l'insu de la propriétaire qui a dû bien les chercher...Une recette, pas facile à déchiffrer mais sûrement savoureuse, vu les taches qui montrent son usage répété

Un gâteau à la citrouille... C'est une idée !

Plus sérieux (sa perte a dû coûter quelques larmes et peut-être une punition), un relevé de notes

Les notes ne sont pas brillantes (c'est Petit Sapin qui souligne, il s'y connaît en bonnes notes et en critiques assassines) et il fallait au moins s'efforcer de ne pas en perdre la trace, dans l'espoir de montrer de la bonne volonté avant les progrès attendus pour les mois suivants...
Mais depuis combien de temps la jeune fille en question a-t-elle quitté l'école, et même l'adresse indiquée, sans plus se soucier de ce malheureux carton taché ?

Pour finir, en balayant les brindilles sur le gazon (objet de tous les soins du Grand Chêne), Myosotis a trouvé un petit carton blanc gondolé par la pluie... Et là, c'est un regard qui l'a saisie

Bébé charmeur, espiègle et plein d'attention, qui donc a perdu ton sourire en passant dans la rue, et depuis combien de temps ? Il en faut peu pour gâter le papier photo... Es-tu toujours ce petit bébé, occupé à contempler l'objectif qui te prend en photo pour ton premier passeport, ou bien as-tu eu le temps de grandir un peu, et de t'en servir pour aller rendre visite aux ancêtres qui t'ont légué de si beaux yeux ?