mardi 30 octobre 2012

Chanter sous la pluie

Puisqu'il n'est rien arrivé de grave dans le petit jardin,
puisque les arbres ont tenu bon sous la rafale,
puisqu'on a de l'électricité (contrairement à d'autres foyers moins heureux),
puisque la pompe du sous-sol a permis de rester au sec sans avoir à écoper une partie de la nuit (comme les voisins)...
Puisque seuls les chrysantèmes ont payé le prix fort (plus une fleur debout ce matin)...
Il faudrait avoir le courage de chanter sous le reste de pluie qui s'obstine à tomber.
Mais il y a les nouvelles de tous les autres, ceux qui n'ont pas eu de chance...
Et la neige et le froid et l'hiver qui arrive...
Pas possible de chanter comme ça...

Une porte ouverte ? Oui, comme toujours, la recette magique : un livre gentiment rapporté de France par le Grand Chêne lors de sa dernière mission...

Spécialiste de la pluie et de la grisaille, notre écrivain de génie instille goutte à goutte son esprit dans le tissu épais des chagrins de la vie... Au point que l'on finit sur un éclat de rire après avoir commencé dans les larmes...

dimanche 28 octobre 2012

Juste avant

C'est certain, la tempête Sandy va frapper, on ne sait pas encore si ce sera très fort ou très très fort mais les écoles seront fermées pendant 2 jours... Et les consignes de sécurité sont rappelées partout : acheter de l'eau, des réserves de nourriture pour 72 heures, des piles pour les lampes électriques et les postes de radio qui permettront de rester informer, faire le plein d'essence (au cas où il faudrait quand même sortir), ne rien laisser dehors qui risque de devenir un dangereux projectile dans le vent fou (chaise de jardin, jouet, outil...) et s'efforcer de dégager les gouttières et les caniveaux encombrés de feuilles mortes, pour laisser passer l'eau qui va déferler...

Les feuilles mortes...
Jusqu'à présent, c'était si joli ! Un bel automne coloré, romantique et si doux...
Il restait bien sûr cette triste histoire de fleur...
Devant la maison, près de la lanterne japonaise, un petit rosier s'obstine à fleurir fidèlement, une rose à la fois, comme un baiser rouge qui s'offre aimablement à la caresse des regards.
Malheureusement, pour la seconde fois, un passant indélicat a cueilli la petite rose épanouie si près du chemin des promeneurs... Quel vide en rentrant ! Quelle tristesse quand on pense qu'un individu de passage a pu couper la fine tige inoffensive (même pas les 4 épines de la rose du Petit Prince...) et priver tous les autres de la joie douce d'un petit baiser rouge ! On avait cru pourtant qu'une fois suffirait... Est-ce la même main qui est revenue dérober une seconde rose ? Faut-il désormais craindre tous les passants, accrocher un panneau d'interdiction, installer une clôture autour du parterre ?
Parmi ces tristes pensées, une idée s'est imposée : recourir au pouvoir des fleurs elles-mêmes... Et voilà comment 3 pieds de chrysantèmes sont venus entourer le vaillant petit rosier.




Mais ce soir, il y aura bien autre chose qu'une bataille de fleurs autour de la jolie lanterne japonaise...

lundi 15 octobre 2012

Lettres d'amour

Une "citation du jour" trouvée ce matin : "Les seules lettres d'amour qui aient quelque utilité sont les lettres de rupture." L'auteur s'appelle Etienne Rey mais on n'en sait pas plus... En voilà un provocateur !
Bien sûr, il parle pour un temps où l'on échangeait des lettres... Bien loin des amours du XXIe siècle, qui se nourrissent par téléphone portable de "texts" ou de "twitts".
Pourtant, il veut unir le concept d'utilité avec celui d'amour... Posture anti-romantique ou lassitude de grand séducteur ? Aurait-il reçu trop de lettres maladroites dans leur sincérité désespérée, alors qu'il ne savait plus comment se défaire de liens étouffants ?
Mais il reste une autre hypothèse : cette amertume ne serait-elle pas plutôt l'aveu d'un homme qui n'a pas connu le bonheur d'être comblé ?... Aigri dans la vaine attente du papier plié porteur des mots qui ne sont jamais venus... Les mains et le coeur à jamais vides devant l'écritoire inutile.
Pour la défense de l'utilité (oh le vilain mot) des lettres d'amour et pour l'illustration de leurs qualités, on a l'embarras du choix. Un petit tour chez Musset ?

A George Sand, sans date, juillet 1833
Mon cher George, j'ai quelque chose de bête et de ridicule à vous dire. Je vous l'écris sottement au lieu de vous l'avoir dit, je ne sais pourquoi, en rentrant de cette promenade. J'en serai désolé, ce soir. Vous allez me rire au nez, me prendre pour un faiseur de phrases dans tous mes rapports avec vous jusqu'ici. Vous me mettrez à la porte et vous croirez que je mens. Je suis amoureux de vous.


mercredi 10 octobre 2012

Puisqu'il faut bien vivre l'automne...

... et regarder les arbres changer sous le ciel tourmenté, et retrouver le romantisme inévitable de ce temps, prenons conseil. 
Dans un effort constant pour apprécier la littérature de langue anglaise, Myosotis a découvert LIN Yutang, un écrivain chinois, ça commence bien, mais aussi célèbre pour ses oeuvres en chinois qu'en anglais. Et pour parler de l'automne, il a des accents qui retiennent l'attention... Est-ce l'effet d'un double exotisme produit par la rencontre de la sagesse orientale avec l'efficacité pragmatique de la langue anglaise ?
En tout cas, voici un essai de traduction en français :

J'aime le printemps mais il est trop jeune. J'aime l'été mais il est trop orgueilleux. C'est donc l'automne que je préfère, car ses feuilles sont un peu jaunes, il a le ton plus doux, des couleurs plus riches, et il se teinte d'un peu de chagrin et de prémonition de la mort. Sa richesse dorée ne parle pas de l'innocence du printemps, ni de la puissance de l'été, mais de la douceur et de la gentille sagesse de l'âge qui approche. Il connaît les bornes de la vie et s'en contente. De la connaissance de ces limites et de la richesse de son expérience se fait jour une symphonie de couleurs sans pareille, vert pour parler de vie et de force, orange pour dire un bien-être doré et pourpre de la résignation et de la mort.
 C'est un peu plus amer et incisif que les beaux alexandrins de Lamartine mais ce n'est pas moins doux... Une façon de chanter en gardant les pieds sur terre...

mardi 2 octobre 2012

Un jour de pluie...

... on fait avec, même si la pluie est vraiment abondante et ne faiblit pas. On a pris rendez-vous chez le garagiste pour changer quantité de choses dans le système de freinage de la voiture, il faut bien ça vu le nombre de miles parcourus chaque jour. Le garagiste est tout à fait honnête homme et ne manque jamais de proposer : "Do you want me to drop you somewhere ?"
Aujourd'hui, plus que jamais, Myosotis est bien contente de profiter de l'offre : on sera mieux au sec, à la maison, en attendant que les réparations soient finies. On se dirige donc très vite vers la voiture du garagiste, vieil homme barbu un peu bedonnant et qui empeste le tabac, tandis qu'un employé prend sans attendre le volant du véhicule à réparer pour le conduire dans l'atelier.
On s'installe à bord, le garagiste ignore superbement le signal sonore qui lui suggère de boucler sa ceinture de sécurité, Myosotis se dit qu'après tout, ce monsieur a de l'expérience et que ce n'est pas si important, on démarre.
Voilà le vieux garagiste qui explique ses soucis de ce début de matinée : il était coincé au téléphone avec son pharmacien et son médecin, pour une histoire de traitement à mettre en place... Myosotis compatit et se concentre pour ne rien rater de l'explication en américain peu articulé.
Le téléphone portable du vieil homme retentit (sonnerie traditionnelle, toujours amusante par le contraste qu'elle souligne entre les combinés du siècle dernier et les petits boîtiers de poche de notre époque). Contre toute attente (et contre les espoirs de Myosotis qui sait que c'est dangereux et illégal), le vieux garagiste extrait son téléphone de l'étui qu'il porte à la ceinture et prend l'appel, heureusement bref. Pas de policier en vue, tout va bien, l'averse continue et le trafic est fluide...
Le garagiste, tenant le volant d'une main experte sans doute, raccroche et range le téléphone en soupirant, puis explique : c'est encore le docteur, il faut absolument aller chercher un médicament précis au cabinet... D'ici quelques jours, il doit se faire opérer de la cataracte, car il n'y voit plus rien du tout !
Vraiment !!!?