mercredi 19 juin 2013

Un rite de passage

C'était hier le jour des résultats du bac au lycée français. Une maman avisée (et expérimentée) avait eu l'idée d'organiser un pot pour les parents venus attendre avec leurs grands enfants l'heure de la publication. Et tandis que les adultes se saluaient courtoisement, échangeaient des nouvelles sur les inscriptions pour l'année à venir et souriaient d'un air entendu en évoquant leurs rejetons, les ados en question s'étaient repliés dans un couloir, à l'écart, et ne faisaient que de brèves apparitions aux côtés des auteurs de leurs jours.
Personne n'était vraiment inquiet, cela allait de soi. Très bons élèves pour la grande majorité d'entre eux, ces anciens de terminale n'avaient pas à craindre d'être recalés. Les moins brillants ne le craignaient pas non plus, à peu près sûrs d'avoir réussi un minimum d'épreuves pour passer. Et le petit groupe des irréductibles cancres ne s'en faisait pas davantage, puisque de toute façon leur posture provocatrice incluait à l'avance tout ce qui pouvait embêter les adultes responsables d'eux.
Le vrai sujet de préoccupation avoué, c'était LA mention. Très bien. Celle qui sert de sésame pour certaines universités. Celle qui couronne les longues années passées au collège puis au lycée, à la fois récompense morale et juste rétribution des efforts fournis.
Enfin, les autorités se sont montrées et l'on s'est mis en place pour la proclamation des résultats. Proclamation !? Alors que depuis plusieurs années on avait abandonné cette pratique pour le simple affichage des listes sur des panneaux ? Un peu plus solennité, un peu moins de bousculade...
Dans la foule des jeunes soudain très sages et de leurs parents attentifs, Mademoiselle Bee se laissait serrer très fort par sa Maman (ravie de l'occasion). Quand son nom a retenti, accompagné de LA mention tant attendue, son Papa venait tout juste d'arriver et son mouvement de joie a rejoint par-dessus les têtes celui de Mademoielle Bee et de sa Maman, unies dans l'expression un peu bruyante du soulagement mêlé à la satisfaction... Ils se sont rejoints pour un BIG HUG (la culture américaine offre entre autres avantages ce nom spécial pour désigner le gros câlin auquel on se soumet moins volontiers à partir de l'adolescence) et ils sont allés chercher tous les trois LE papier comportant les résultats détaillés.
A ce moment-là, on n'attendait plus de surprise. LA mention, ça veut dire plus de 16/20 de moyenne générale, on est très content et on n'en demande pas plus au Destin ni à l'Éducation Nationale. Pourtant, il restait à découvrir des notes incroyables, qui ont fait pleurer la prof d'anglais et bondir la prof de philo pour un BIG HUG supplémentaire, tandis que les parents ébahis suivaient du doigt sur le papier les chiffres alignés... Mademoiselle Bee a été si bien payée de ses efforts qu'elle a obtenu une moyenne générale nettement au-dessus de 16/20...
Rite de passage, diplôme très (trop ?) français qui ne donne rien en lui-même, certes... Mais hier, ce papier entre les mains de Mademoiselle Bee qui sautillait partout, les yeux brillants, c'était quelque chose d'unique dans la grande aventure commencée avec elle il y a presque 18 ans.